Nous publions aujourd'hui le premier de deux éditoriaux sur l'exode des familles montréalaises.

Il y a dix ans cette année, la Ville de Montréal prenait le virage «familles». Elle donnait alors à une élue le mandat de retenir et d'attirer les ménages avec enfants, un geste qui a ouvert la porte à l'adoption d'un plan d'action qui arrive à échéance.

Mais après une décennie d'efforts, on ne peut que constater l'échec de ces initiatives.

L'intention de la Ville avec ce virage entamé en 2003 était de réduire l'impressionnant exode des jeunes familles de la classe moyenne. Bon an, mal an, plus de 40% d'entre eux quittent l'île pour la banlieue, ce qui creuse toujours un peu plus le déficit migratoire de Montréal.

C'était vrai au tournant du millénaire, et c'est toujours aussi vrai aujourd'hui. Entre 2002 et 2003, Montréal a perdu 20 400 personnes. Entre 2011 et 2012, apprenait-on le mois passé, elle en a perdu... 20 500!

On a eu beau nommer une responsable du dossier, mettre sur pied un comité famille régional, mener des analyses et des consultations, adopter une politique, un plan d'action et plusieurs plans locaux avec l'objectif de réduire les pertes de 25% (sous la barre des 18 000), on s'est contenté de stabiliser les pertes.

Que la banlieue soit toujours aussi attrayante n'est pas un problème en soi. Mais que la ville-centre se dépeuple de ses forces vives est un frein au développement de la métropole, et par conséquent de la région... qui lui doit pourtant son existence!

Au cours des 50 dernières années, le poids démographique de l'île dans le Grand-Montréal a chuté considérablement, passant de 78% en 1961 à moins de 50% aujourd'hui, alors qu'on dénombre moins de citoyens sur l'île qu'en périphérie...

Or comment penser que l'érosion constante de l'importance (démographique, politique, économique) de Montréal dans la région puisse être une bonne chose pour cette dernière?

Au contraire, ce déclin tranquille participe à la diminution de l'assiette fiscale (et donc de la majorité des revenus) de Montréal, en plus de contribuer au dépérissement des artères commerciales, à la réduction de l'offre de services, à l'homogénéisation des quartiers, au recul du français et à l'augmentation de la circulation sur l'île.

Rien pour renverser l'exode vers la banlieue! Ce qui est dramatique à la fois pour le coeur de la région métropolitaine, qui se dévitalise et se paupérise, et pour la province, qui voit ainsi sa locomotive ralentir doucement.

Est-ce inévitable? L'attrait de l'espace, de la tranquillité et de la sécurité est-il si grand qu'il continuera de plomber Montréal, peu importe ce qu'elle fait?

Non. Plusieurs villes progressistes comme San Francisco, Portland, Seattle et Vancouver, ont réussi à ralentir, voire à freiner la tendance ces dernières années.

Si Montréal souhaite ralentir l'exode des jeunes familles, elle devra donc mettre les bouchées doubles. Mais elle devra surtout obtenir l'aide de Québec...

Veuillez cliquer sur ce lien pour lire le second texte de la série, La carotte et le bâton





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