L'administration de transition devait marquer la première étape d'un renouveau à Montréal. On s'en souviendra plutôt comme le dernier balbutiement d'un régime qui a fait son temps.

L'histoire ahurissante de Guy Hébert, au-delà du manque de jugement de ce dernier, montre en effet comment les années de pouvoir d'Union Montréal ont vicié la culture organisationnelle de l'administration municipale. Une culture dysfonctionnelle encore présente aujourd'hui.

Les démissions en série des directeurs de la Ville depuis 10 ans en sont un symptôme évident. Mais pensons aussi à cette cabale contre le vérificateur général. Aux intrusions politiques dans les organismes paramunicipaux. Ou encore aux liens qui se sont tissés entre la Ville, l'exécutif, le privé et le financement d'Union Montréal.

La Ville connaissait certes des problèmes avant le tournant des années 2000, mais la saga des fusions-défusions additionnée aux énormes dégâts faits par l'administration Tremblay a déstabilisé l'appareil comme aucune autre n'avait pu le faire avant elle.

Ce n'est pas sorcier, l'absence totale de leadership au plus haut palier de l'hôtel de ville a ouvert la porte à tous les abus. Sur le plan politique, les membres de l'entourage de l'ex-maire ont pu tirer un profit personnel de leur fonction et pouvoirs, tandis que sur le plan administratif, lieutenants et de hauts fonctionnaires ont pu agir à leur guise, sans encadrement, multipliant les gestes improvisés et malavisés.

L'ancien directeur général Louis Roquet a ainsi transmis un rapport confidentiel à la firme TELUS. Le contrôleur général Pierre Reid a espionné le président du conseil municipal, a piraté des centaines de courriels du vérificateur général, a installé une caméra cachée devant ses bureaux. Et Guy Hébert, nommé par l'administration Tremblay, s'est permis de passer outre le maire et le conseil municipal en exigeant de Québec la tête du chef de police.

Le maire n'étant jamais au courant de rien, une situation qui n'a manifestement pas changé, tous ont compris qu'ils pouvaient faire ce que bon leur semble. Sans même craindre de perdre l'appui du maire, comme l'ont constaté MM. Reid et Roquet. Et comme l'a noté à son tour M. Hébert, qui a eu droit au soutien de M. Applebaum, avant que le gouvernement ne le contredise publiquement, sans autre vérification.

Il est maintenant clair que les psychodrames en série ne prendront fin qu'avec l'élection d'un leader fort à l'extérieur des rangs actuels et passés d'Union Montréal, ce que seul le maintien d'élections en novembre prochain permettrait en favorisant les candidatures extérieures.

Et il est tout aussi clair que ce changement de garde doit s'étendre à la haute fonction publique, grâce à des apports de l'extérieur de «la machine». La nomination de Jean-Yves Hinse, aussi intègre soit-il, n'a en ce sens rien d'encourageant.

Le besoin de sang neuf est manifeste en politique, ici et ailleurs. Mais nulle part n'est-il aussi évident qu'à Montréal, où les relents de l'ancien régime tardent à se dissiper.

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