Enfin, on passe aux choses sérieuses!

Cela fait des années qu'on dépense de l'énergie à vider les sacs à ordures des citoyens un petit item à la fois, les feuilles de papier, les conserves, les bouteilles d'eau, les sacs d'emplettes. Autant de choses que l'on a réussi de peine et de misère à envoyer dans le bac vert... mais qui n'ont pas réduit pour la peine la quantité de déchets enfouis au Québec.

Le coupable: les déchets organiques. Et surtout, l'absence totale de volonté politique de s'en occuper, malgré toutes les belles promesses faites depuis 25 ans...

Le feu vert donné mardi soir par l'administration Applebaum à la construction de quatre centres de traitement des matières organiques sur l'île constitue en ce sens un tournant de grande importance, un point de bascule transformant enfin les beaux discours en briques et mortier.

En donnant leur aval aux projets, les élus permettent à la Ville de construire les futures usines vers lesquelles transiteront les déchets de table des Montréalais, dans trois ans.

Nous avions certes des réserves quant au choix du quartier Saint-Michel, celui-ci ayant déjà fait sa part en accueillant pendant 40 ans les ordures de la métropole. Mais les élus ayant statué, à la suite d'un intense débat et d'un vote libre et démocratique, il importe maintenant d'aller de l'avant avec ce dossier qui a beaucoup trop traîné.

Obsédé par les sacs en plastique et autres symboles, on semble avoir oublié, en effet, que les déchets organiques constituent le plus important fléau en terme de matières résiduelles. Ils représentent le gros de nos déchets domestiques (58% des matières collectées par mes villes). Ils sont les pires ennemis des dépotoirs (6% des gaz à effet de serre de la province).

Et surtout, ils sont responsables de l'échec de toutes les politiques gouvernementales depuis celles du gouvernement Bourassa de 1989! Preuve de la négligence des pouvoirs publics, le compostage n'a pas seulement stagné ces dernières années, il a reculé: on a traité moins de déchets organiques en 2010 qu'en 2008!

Résultat: le taux de récupération des matières putrescibles, qui devait atteindre 60% en 2008, n'a jamais dépassé 12% au Québec! Moins encore à Montréal...

D'où l'importance d'aller de l'avant avec la construction des quatre futures usines de compostage et de biométhanisation sur l'île, prélude aux bacs bruns, à la collecte généralisée des déchets de table à Montréal et à l'atteinte des plus récentes cibles québécoises: traiter 60% de la matière organique putrescible d'ici 2015 et bannir pour de bon leur enfouissement en 2020.

Reste maintenant à peaufiner les détails, à définir le modèle de gouvernance des usines, à octroyer les contrats et surtout, à rassurer les citoyens de Saint-Michel, puis à leur démontrer qu'un centre de compostage bien conçu bien géré peut bel et bien être sans nuisances.

Les promesses en l'air on fait leur temps.

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