Le Québec nage dans les surplus d'énergie à ne plus savoir qu'en faire, et pourtant, l'industrie éolienne demande que soient rapidement lancés de nouveaux projets au nom du développement économique et régional.

Hélas, le gouvernement Marois semble prêt à foncer tête baissée...

La filière éolienne, il est vrai, est à la croisée des chemins. Des appels d'offres totalisant 3300 MW ont été lancés à ce jour. Cela a permis à l'industrie de s'enraciner, de construire des usines, de développer des marchés afin de répondre à une demande qui les occupera jusqu'en 2015.

Mais au-delà de cette date, rien n'est prévu. D'où les craintes de l'industrie de voir s'effondrer les réalisations des 10 dernières années.

Mais ces réalisations, quelles sont-elles exactement? Et surtout, combien ont-elles coûté aux Québécois? On ne le sait pas et pourtant, le gouvernement Marois se dit déjà «favorable» à la demande de l'industrie.

Or, bien du vent a tourné dans les pales depuis le tout premier appel d'offres, lancé il y a dix ans. L'état des surplus d'Hydro-Québec a changé. Le marché de l'énergie a changé. Le prix des exportations a changé. Le contexte économique a changé.

Il serait donc irresponsable d'ériger des centaines de nouvelles éoliennes sans questions ni analyse, seulement parce que le gouvernement s'est fixé une cible de 4000 MW il y a une décennie!

Une pause s'impose donc, le temps de mener une étude coûts-bénéfices de la filière. Pas besoin de longues audiences du BAPE, seulement d'un exercice comptable de quelques mois permettant de mettre les chiffres de l'industrie en perspective.

Il n'y a pas de raisons de mettre en doute l'existence des 4000 emplois liés à l'éolien, pas plus que les immenses bienfaits qu'ils ont procurés aux régions ces dernières années, en particulier à la Gaspésie. Mais il importe de savoir combien tout cela a coûté aux clients d'Hydro, obligés d'assumer une hausse de tarifs pour soutenir des projets éoliens qui n'ont aucune pertinence énergétique.

Déjà, la société d'État achète chaque année de l'électricité dont elle n'a pas besoin. Elle paye des millions pour une centrale thermique qu'elle n'utilise pas. Elle revend à perte de l'énergie produite par le privé. Veut-on ajouter des éoliennes sous prétexte qu'un jour, on en aura possiblement besoin pour électrifier le parc automobile? Veut-on continuer d'augmenter les tarifs d'électricité pour aider les régions à s'épanouir? Veut-on aider une industrie à atteindre, un jour peut-être, la maturité?

La réponse peut être oui. Peut-être que les 4000 emplois en jeu en valent la chandelle. Peut-être que le coût assumé par les clients d'Hydro, qui jouissent encore aujourd'hui de tarifs bas, est moins important que ce que l'État aurait de toute façon à assumer pour aider les régions.

Mais avant de répondre au nom des millions d'actionnaires d'Hydro-Québec, le gouvernement doit avoir en mains les données nécessaires à une décision éclairée.

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