C'est dans l'indifférence que s'amorce cette semaine le volet politique de la Conférence sur le climat, à Doha. Une conférence de transition qui suscite aussi peu d'attentes que d'attention internationale.

Cette rencontre, il est vrai, n'est qu'une étape mineure dans le chemin qui doit mener à l'élaboration, en 2015, d'un traité international visant à succéder à Kyoto, en 2020. On y discutera de dossiers techniques, on jaugera les appuis des uns et des autres et surtout, on formalisera les détails permettant au protocole de survivre, tel que convenu, à son échéance prévue dans 28 jours.

Rien pour faire les manchettes, donc. Et pourtant, il se jouera dans le centre des congrès de Doha un important jeu diplomatique dont le résultat pourrait être crucial pour la suite des choses...

Ce n'est un secret pour personne. La lutte internationale contre les changements climatiques a perdu son élan à la suite de la crise économique de 2008 et à l'échec de la Conférence de Copenhague, en 2009.

Une certaine désaffection s'observe depuis. Le Canada a tourné le dos à Kyoto. Le Japon n'est pas intéressé par un accord post-2020. La Russie, dont l'implication a été déterminante dans le passé, se fait prier. Et les pays émergents refusent de s'engager tant que les pays riches ne le font pas.

Dans ce contexte d'immobilisme qui prévaut depuis maintenant trois ans, il est donc pour le moins hasardeux de croire qu'on réussira à élaborer un traité international contraignant en trois ans à peine. À moins d'un déblocage majeur... dont seul le président Obama serait capable.

Seul lui, en effet, a le pouvoir, la crédibilité et l'autorité de donner un second souffle à des négociations qui piétinent. L'Europe a bien essayé. L'Australie, la Norvège et la Suisse ont bien tenté d'aider. Mais pour que le plus important pollueur actuel de la planète embarque (la Chine), sans qui les efforts sont inutiles, il faut que le plus important pollueur historique de la planète montre la voie (les États-Unis).

Cela n'a rien d'utopique. Au cours des derniers mois, Barack Obama a multiplié les signaux en ce sens. Il a dit, lors de son discours de victoire, vouloir se «débarrasser» de la menace que constitue le réchauffement de la planète. Et il a promis, en songeant sans doute à son héritage, qu'il ferait du climat une «mission personnelle» de son second mandat.

Reste donc à voir ce que cela signifiera dans les faits. En terme de politiques intérieures, face à un congrès hostile. Mais aussi en terme d'implication et de prise de position dans le cadre des pourparlers internationaux, face à des pays sceptiques et démoralisés... dont les plus volontaires n'attendent qu'un signal pour y croire à nouveau.

La Conférence de Doha ne figurera possiblement pas dans les livres d'histoire. Mais on pourrait s'en souvenir, si l'administration Obama s'y manifeste, comme d'un moment tournant dans les négociations menant à un successeur à Kyoto.

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