Union Montréal a perdu son chef dans la disgrâce. Le parti a été éclaboussé par de graves allégations de corruption. Il est soupçonné d'avoir remporté ses élections grâce à des coffres-forts débordant d'argent sale.

Et pourtant, il pensait bien conserver le pouvoir à l'hôtel de ville jusqu'en novembre 2013, sans repentance, sans remise en question, sans ouverture aux partis d'opposition. Il pensait même pouvoir décider du prochain maire seul, derrière des portes closes.

Heureusement, les certitudes de ce parti ont volé en éclats, ces derniers jours. Un formidable retournement de situation que l'on doit, ironiquement, à l'ancien homme fort d'Union Montréal, Michael Applebaum.

Ce dernier, en effet, est en train de fomenter avec les partis d'opposition rien de moins qu'un putsch tranquille afin d'évincer sa propre formation du pouvoir. Déjà, hier, avec le départ de cinq élus prêts à l'appuyer, il lui a fait perdre sa précieuse majorité au conseil municipal.

Doit-on cette audace à une sorte d'ambition aveugle, à une frustration liée au choix de Richard Deschamps comme candidat à la mairie? Probablement. Mais le résultat n'en est pas moins heureux.

Par ses tractations, par sa main tendue aux partis d'opposition, M. Applebaum redonne en quelque sorte au conseil municipal le pouvoir qui lui revient en ces temps exceptionnels: celui d'élire en toute transparence le maire intérimaire. Une issue beaucoup plus démocratique qu'une cooptation orchestrée à huis clos par un parti sur la sellette.

En soi, le seul fait qu'un conseiller élu sous la bannière d'Union Montréal prenne le temps de s'asseoir avec les chefs de Vision Montréal et de Projet Montréal est un exploit qui mérite d'être salué dans le contexte hyperpartisan qui prévaut.

C'est en quelque sorte un beau risque que tente l'ancien numéro 2 de la Ville: réunir des membres de toutes les formations, incluant des transfuges d'Union Montréal, dans une administration de coalition, tout à fait de rigueur pour la transition à venir.

Michael Applebaum, en outre, n'a peut-être pas les qualités pour devenir le maire d'une métropole, mais il semble posséder les atouts nécessaires pour assurer l'intérim. En plus d'avoir dirigé l'exécutif (plutôt que d'avoir été responsable des infrastructures comme Richard Deschamps), il a prouvé ces derniers jours qu'il était capable de travailler en dehors des lignes de partis, de rassembler... et de parler français.

Et surtout, M. Applebaum promet de ne pas se présenter à la mairie en 2013, une condition sine qua non pour assurer une certaine sérénité au conseil au cours des 12 prochains mois. Reste maintenant à voir si les partis d'opposition sauront à leur tour mettre de l'eau dans leur vin.

Évidemment, une administration en courtepointe court le risque d'avancer à tâtons, mais une administration d'Union Montréal courrait le risque, plus grand encore, de gouverner sans légitimité.

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