L'unique centrale nucléaire de la province doit être fermée. Mais pas pour les raisons de santé et de sécurité que l'on croit...

Le film Gentilly or not to be, diffusé en première montréalaise mardi dernier, relance les inquiétudes suscitées par l'atome en lui imputant une hausse spectaculaire des cancers infantiles. Il alimente ainsi la peur du nucléaire et donne une tournure scientifique à un débat qui devrait demeurer, essentiellement, économique.

Cela est malheureux. Car les conclusions du documentaire, tout comme les prétentions scientifiques des opposants au nucléaire, sont contestables. Et seront, à n'en pas douter, contestées par ceux qui prônent la réfection de Gentilly-2.

Qu'affirment les réalisateurs Guylaine Maroist et Éric Ruel, dans leur pamphlet? Qu'un nombre anormalement élevé de cancers et de malformations a été observé autour de Gentilly. Et qu'une étude allemande a détecté un plus grand nombre de leucémies à proximité des centrales nucléaires.

Ces conclusions font bien évidemment frémir, mais elles sont incomplètes et hors contexte.

Dans le cas de Gentilly-2, on prévoyait 29 cas de cancer et d'anomalies congénitales chez les moins de 20 ans habitant à moins de 25 km de la centrale, entre 2000 et 2004. On en a plutôt dénombré 40, soit 27% de plus que la moyenne québécoise.

Cela, évidemment, n'est pas statistiquement significatif, et donc peu concluant. D'autant que dans les deux périodes observées auparavant (1994-1998 et 1997-2001), on a noté un nombre de cancers... moins élevé que la moyenne québécoise! Et pourtant, personne ne soutient que l'atome prévient les tumeurs.

Quant à l'étude allemande, on lui fait dire ce que leurs auteurs eux-mêmes ne disent pas. Ces derniers ont bel et bien constaté la présence d'un plus grand nombre de leucémies à proximité des centrales. Mais ils se sont bien gardés de tracer un lien de cause à effet, puisque bien d'autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte.

Cela est à mettre en perspective avec toutes les autres études menées sur le sujet dans le monde, des études qui n'ont rien trouvé, ont été discréditées, ou n'ont jamais été répliquées. Pour l'instant, donc, les effets néfastes du nucléaire demeurent circonstanciels.

Vrai, les scientifiques n'ont pas prouvé l'innocuité des centrales. Mais la science ne peut prouver l'absence totale de risques. Elle peut, tout au plus, démontrer qu'il n'existe aucune preuve de nocivité à ce jour.

Et à ce jour, dans le cas qui nous occupe, il n'existe aucune preuve, ni d'un bord ni de l'autre. D'où le risque d'agiter les soi-disant dangers de l'atome comme s'il s'agissait d'une vérité incontestée.

On relance ainsi le débat sur l'avenir de Gentilly... au moment précis où le parti au pouvoir souhaite le fermer.

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Ceci est le premier de deux éditoriaux sur l'avenir de Gentilly-2. Lisez également "Fermons Gentilly":

https://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/francois-cardinal/201209/13/01-4573857-fermons-gentilly.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_francois-cardinal_1107251_section_POS1

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