Bien que l'environnement n'ait suscité aucun échange entre les chefs jusqu'ici, l'enjeu a tout de même réussi à se tailler une place de choix dans les programmes des différents partis.

Toutes les formations ont un objectif ambitieux de réduction des gaz à effet de serre; certaines proposent un moratoire sur le gaz de schiste, d'autres, la fermeture de Gentilly-2 ou la fin de l'exportation de l'amiante.

Plus encore, on retrouve, au-delà des promesses divergentes des uns et des autres, un thème porteur qui mobilise l'ensemble des partis: l'autosuffisance énergétique du Québec.

Voilà un objectif d'envergure, ambitieux et nécessaire, qui pourrait fort bien devenir un projet de société si d'aventure le prochain gouvernement y consacrait les ressources et l'attention qu'il mérite.

En soi, convenons-en, la seule présence de cette idée dans l'ensemble des plateformes est un pas en avant. Mais il manque encore un élément essentiel à cette révolution: un plan.

Les partis souverainistes, le PQ en tête, ont tous pour objectif l'indépendance énergétique. La CAQ, plus sobrement, dit vouloir s'attaquer à la perte sèche que représente pour le Québec l'importation de pétrole. Quant au PLQ, si l'on se fie à la promesse faite l'an dernier par son chef, il vise une diminution des produits pétroliers dans le bilan énergétique de la province d'ici 2020.

Fort bien. Mais comment y arriver dans un contexte où l'on promet de fermer Gentilly-2 (PQ et QS), d'imposer un moratoire sur l'extraction du gaz de schiste (CAQ et PQ), de revoir la pertinence de la filière éolienne (CAQ)?

La réponse de la plupart des programmes tient en une liste de bonbons verts, sans que l'on sache trop comment ils réussiront à réduire pour la peine l'immense balance commerciale négative que le Québec affiche, année après année, en raison de l'importation de pétrole (12 milliards$ annuellement).

Parmi les formations susceptibles de prendre le pouvoir, le Parti québécois est assurément celui qui va le plus loin, ayant en quelque sorte fait sien le manifeste Maîtres chez nous - XXIe siècle qu'avait rédigé son candidat Daniel Breton. Il propose un vaste débat national ainsi qu'une stratégie énergétique ambitieuse dès la première année d'un mandat.

Mais encore là, on reste sur notre faim. Car au-delà des économies d'énergie, de l'efficacité énergétique et des énergies vertes, l'autosuffisance commandera des mesures coercitives visant principalement l'automobile et les industries les plus énergivores, lesquelles ne figurent dans aucune plateforme politique.

Certes, l'indépendance énergétique est un beau projet vert et nationaliste, ce qui explique l'étonnante unanimité des partis à ce sujet, mais c'est aussi un objectif qui imposera des choix difficiles, voire douloureux.

Les partis ont choisi de ne pas s'aventurer sur ce terrain en campagne. Cela se défend. Mais ils ne doivent pas oublier que moins ils en disent, moins ils pourront en demander.

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