L'île de Montréal est loin d'être un champ de bataille électoral, mais cette fois, avouons-le, la métropole reçoit une attention bien méritée de la part des partis.

Au cours des derniers jours, en effet, les chefs ont pris la peine de détailler leurs engagements pour la région, pour la décongestionner surtout. Tout n'est pas parfait, certains détails sont rares ou discutables, mais l'intention est clairement exprimée et le transport en commun, priorisé. Dont acte.

Le PQ veut «investir prioritairement» dans le développement du transport en commun. La CAQ veut faire de Montréal «un modèle» en la matière. Et le PLQ promet que «des investissements massifs» en transport collectif seront consentis.

Dans le détail, on retrouve même des éléments intéressants, comme la promesse du PQ de doter le futur pont Champlain d'un moyen de transport en commun, la volonté du PLQ (et du PQ) d'ajouter 300 km de voies réservées ou le souhait de la CAQ de développer un réseau de service rapide par bus (SRB).

Un virage nécessaire, donc, des idées globalement pertinentes... Maintenant, peut-on savoir comment vous compter financer ce nécessaire virage, messieurs, dame?

Sans argent, on le sait bien, les promesses ne sont que voeux pieux. Sans entrer dans le menu détail, les partis ont donc le devoir d'afficher leurs couleurs: péage, taxe sur l'essence, immatriculation, hausse des tarifs?

Se contenter de dire qu'on va dégraisser la machine est un peu court...

Surtout qu'il n'est plus possible de repousser la question sous prétexte que les maires de la région ne s'entendent pas, comme l'a fait le gouvernement Charest ces dernières années. Il y a en effet consensus dans la région, depuis jeudi, quant à la marche à suivre. Un exploit pour les 82 maires...

La CMM promet d'abord de dresser une liste de ses priorités, puis elle suggère, avec raison, d'augmenter progressivement la taxe sur l'essence et d'indexer les droits sur l'immatriculation, seules façons d'accorder rapidement au transport en commun de nouvelles sources de financement indexées et récurrentes. Après on parlera de péage.

Certains crient au meurtre parce que les maires proposent encore de piger dans la poche des automobilistes. Pourtant, ces derniers ont été plutôt épargnés ces dernières années comparativement aux usagers qui ont vu leurs tarifs bondir de 40% sur l'île. L'immatriculation est gelée depuis 1996 (sauf dans l'île) et la taxe sur l'essence consacrée à l'AMT n'a pas bougé de 1996 à 2010. Si bien qu'aujourd'hui, les automobilistes n'assument que 7% des revenus affectés au transport collectif dans la région. Pas de quoi écrire à son maire...

La région est à un moment charnière. L'île est parsemée de cônes orange, les bouchons prennent de l'ampleur, mais l'affluence des sociétés de transport est partout en hausse, un contexte parfait pour accroître l'offre en transport en commun et en faire profiter le réseau routier.

Mais d'où viendra l'argent?

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