Les salmigondis de François Legault sur la «belle vie» souhaitée par les jeunes, l'excellence «des Asiatiques», la déficience des valeurs parentales et l'emprise de la société de consommation étaient maladroits. Mais dans le lot, tout n'est pas faux...

Passons sur ses préjugés à l'endroit de ces jeunes qui veulent quitter le bureau à 16h.

Le chef de la CAQ n'a manifestement pas saisi le concept de conciliation travail-famille aussi bien que sa présidente, Dominique Anglade, qui proposait la semaine de quatre jours lorsqu'elle était à la Jeune Chambre de commerce...

Dans le fouillis des approximations et des idées reçues de M. Legault qu'on pourrait classer dans la catégorie «Dans le bon vieux temps, ça s'passait d'même», on retrouve un élément d'une grande vérité: le Québec ne valorise pas suffisamment l'éducation et en cela, les immigrants sont un exemple à suivre.

Tous les partis ont soutenu que l'éducation était une priorité, qu'il fallait augmenter le nombre de diplômes octroyés et réduire le taux de décrochage. Mais peu de propositions ciblées ont été faites pour y arriver. En mettant le doigt sur le principal bobo (comme d'autres avant lui), François Legault s'approche ainsi davantage de la solution que ses adversaires.

Il est louable de proposer cinq heures de cours de plus par semaine (CAQ), une hausse du nombre de spécialistes (PQ), 100$ pour l'achat du matériel scolaire (PLQ) ou des activités parascolaires gratuites (QS), mais on tourne ainsi autour du pot de la persévérance scolaire qui, elle, passe d'abord et avant tout par une plus grande valorisation de l'éducation, à la maison en particulier. Un énorme défi.

Rappelons les résultats de ce sondage désolant réalisé dans le contexte du rapport Gervais, en 2005, dans lequel on demandait aux répondants s'ils considéraient extrêmement important d'assurer à leurs enfants une bonne connaissance de la lecture, de l'écriture et des mathématiques. Au Canada, 94% ont répondu oui. Au Québec, 81%...

Autre indice: les résultats scolaires des immigrants dans les écoles québécoises. Bien que ces derniers n'aient pas autant d'aisance avec la langue, leurs résultats sont tout à fait comparables à ceux des élèves «de souche». La raison? Les allophones sont élevés dans des communautés pour qui l'école est synonyme de réussite, d'intégration et de promotion sociale. Elle est donc valorisée en permanence.

Citons également la réussite du Saguenay, le success-story des dernières années en éducation. Après des années passées dans la moyenne, la région a su hisser son taux de diplomation parmi les meilleures grâce à une valorisation de l'éducation à tous les niveaux: familial, entrepreneurial, municipal et communautaire.

En ce sens, François Legault a eu raison d'évoquer avec courage cet épineux problème. En fait, la question est si importante - et les solutions si difficiles à trouver - qu'elle mériterait que tous les chefs en discutent. Peu importe la manière.

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