La noyade d'un bambin, lundi, a permis aux autorités de répéter les avertissements d'usage, de rappeler avec raison l'importance de la vigilance autour des piscines résidentielles.

Mais comme à l'habitude lorsqu'il est question d'activités récréatives, cette mort s'est vite transformée en prétexte pour hausser encore un peu plus les mesures de sécurité, pour resserrer des règlements déjà sévères... en une vaine quête du risque zéro.

On l'a vu l'hiver dernier lorsque les pédiatres ont tenté d'imposer le port du casque à l'ensemble des skieurs. On l'a vu la semaine dernière lorsque le coroner en chef de l'Ontario a recommandé le port obligatoire du casque pour tous les cyclistes.

Et on le voit cette semaine avec la proposition de la Société de sauvetage du Québec d'étendre les règles de sécurité imposées aux nouvelles piscines à toutes les anciennes installations de la province, une intention louable... mais un peu déraisonnable.

Les statistiques, en effet, montrent non seulement que les morts liées à des activités aquatiques sont en forte régression au Québec depuis une décennie (-34%), mais aussi que la plupart des victimes sont des hommes, majeurs, qui étaient loin de toute piscine...

Il importe en effet de décortiquer et de relativiser le nombre de noyades par année - environ 80 -, car cette donnée ratisse large et inclut tous les amateurs d'activités nautiques. Il s'agit de tous les «décès liés à l'eau» (incluant les accidents en bateau, en ski nautique ou à la pêche) survenus dans «dans une piscine ou un plan d'eau» (incluant les rivières et les lacs).

Si l'on se concentre sur les noyades en piscine, on en vient à un chiffre certes dramatique, mais beaucoup moins alarmant: neuf morts annuelles, dont trois chez les enfants de moins de 5 ans.

Ce sont trois morts de trop, on s'entend. Mais on peut néanmoins se poser des questions quant à l'ampleur de la solution préconisée par rapport au problème à résoudre. On peut aussi se demander où s'arrêtera cette escalade sécuritaire, puisqu'il y aura toujours des incidents que l'on ne pourra éviter.

On peut, enfin, s'interroger quant au risque que cette multiplication de barrières et de règlements augmente le sentiment de sécurité... mais réduise du coup la vigilance. Surtout que la grande majorité des noyades surviennent en l'absence de toute supervision parentale.

Ces drames, en outre, ont souvent lieu dans un environnement où les règlements de sécurité sont respectés... mais où le mécanisme de fermeture de la clôture était défectueux, l'échelle amovible n'avait pas été retirée, le surveillant était rentré un instant, etc.

Il est évidemment plus difficile de s'attaquer au manque de vigilance qu'à la hauteur des clôtures, mais cela est possible. Par un élargissement des programmes de sensibilisation et par la diffusion de campagnes d'éducation à l'image des publicités-chocs de la SAAQ.

Le Québec a adopté en 2010 l'une des législations les plus audacieuses du continent. Plutôt que de la resserrer, il devrait miser sur la responsabilité de chacun.

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