«Le climat d'affaires s'est détérioré», «L'économie de la région en panne», «L'état vieillissant des routes entrave le développement de Montréal»... À lire les manchettes des différents quotidiens, hier, on croirait la métropole morose, déclinante, plongée dans un profond marasme économique...

Et pourtant, le rapport de la chambre de commerce de Montréal dont il est question n'est pas le brûlot auquel on pourrait s'attendre. Hormis certaines conclusions négatives, globalement, on y dépeint une ville s'étant plutôt bien tirée d'affaire depuis cinq ans.

Comme d'habitude, Montréal traîne certains boulets. Sa main-d'oeuvre est de qualité, mais elle est insuffisante. Sa productivité est faible. Le taux de change jadis favorable lui joue des tours. Ses infrastructures font peine à voir. Et son réseau routier, saturé, est extrêmement vulnérable, comme on a pu le constater à nouveau hier matin.

Mais l'histoire est toute autre quand on prend un peu de distance, qu'on observe froidement la situation de Montréal par rapport à celle de ses concurrentes.

Au cours des cinq dernières années, selon le rapport de la chambre, les activités des entreprises sont demeurées stables ou ont augmenté dans la métropole. Le secteur manufacturier, après des années de décroissance, a connu une embellie. Le PIB réel s'est beaucoup moins contracté que celui de Toronto. Et le taux de chômage de Montréal a même réussi à passer sous le taux de sa rivale canadienne.

Ainsi, pas moins de 60% des entreprises sondées pour l'étude estiment que l'environnement d'affaires et les conditions favorisant l'investissement privé n'ont pas changé depuis les cinq dernières années. Et 6% croient qu'ils se sont améliorés.

Stagnation? Plutôt une stabilisation... en période de détérioration. Bien des villes nord-américaines se réjouiraient d'apprendre qu'en plein tumulte économique, à peine 34% de leurs entreprises déplorent une dégradation du climat d'affaires!

Malgré ses défauts structurels, Montréal a en effet joui d'une relative résilience durant la crise financière, en bonne partie grâce aux programmes de relance gouvernementaux, mais aussi grâce à la solidité de ses entreprises et à son économie diversifiée.

Dans un tel contexte, l'important pour Montréal n'est pas ce qui s'est passé, mais ce qui se passera. La récession, en effet, a fouetté les ardeurs partout sur le continent. Le maraudage d'entreprises s'est intensifié (comme on l'a vu avec Electrolux). Les villes travaillent d'arrache-pied pour que survienne la relance.

Or cette fougue, on ne la sent pas à Montréal, où les grues témoignent d'un dynamisme passé, non pas futur. Les perspectives d'avenir sont plutôt mitigées, d'ailleurs. D'importants projets routiers seront lancés, une majorité d'entreprises dit travailler sur un projet d'investissement, mais plusieurs acteurs évoquent en privé un ralentissement des projets immobiliers à venir.

Montréal n'est pas en panne. Mais à défaut d'une vigilance accrue, il pourrait bien le devenir.

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