Le mois de mai a été pénible pour les hôtels de Montréal et le mois de juin s'annonce difficile. Les ventes de billets du Grand Prix, parallèlement, ont été décevantes et les revenus des commerçants ont chuté.

La faute aux débordements des dernières semaines? En bonne partie oui, hélas.

Il est vrai qu'une foule de facteurs n'ayant rien à voir avec la crise étudiante a eu un impact sur l'attrait de Montréal cette année. Le Grand Prix est en compétition avec celui d'Austin. La récession et la force du dollar en ont forcé plusieurs à rester chez eux. Et les Mexicains sont moins nombreux depuis l'imposition du visa obligatoire.

Mais ces facteurs, à eux seuls, ne peuvent expliquer la mauvaise performance des hôtels montréalais, dont le taux d'occupation, en mai, a baissé de 7,5% par rapport à l'an dernier. Un taux, d'ailleurs, qui devrait connaître une diminution aussi forte en juin, selon Tourisme Montréal.

La crise économique, par exemple, n'aide pas, c'est indéniable. Mais son effet est limité, comme l'ont prouvé les bilans touristiques des dernières années. Montréal a fracassé des records touristiques en 2010, puis elle les a dépassés en 2011, du jamais vu en 30 ans dans la métropole!

La force du dollar canadien, dans ce cas? Pas plus. La parité a été atteinte au début 2010 et elle se maintient depuis. Or cela, encore une fois, n'a pas empêché les records des dernières années.

L'obligation faite aux Mexicains d'obtenir un visa? Cela a réduit de façon considérable (- 50%) le nombre de touristes en provenance de ce pays lorsqu'il a été imposé en 2010. Mais depuis, les modalités ont été assouplies et le nombre de visiteurs mexicains a recommencé à monter. Il ne peut donc pas contribuer à la baisse annuelle observée.

Le Grand Prix d'Austin, qui se tient pour la première fois cette année? Il a certainement nui aux ventes de billets à Montréal et donc, au taux d'occupation des hôtels en juin, comme l'avait fait celui d'Indianapolis avant lui. Mais il ne peut expliquer qu'après un mois d'avril plutôt fort compte tenu d'un faible nombre de congrès (- 1,5%), les hôtels aient connu un mois de mai aussi désolant (- 7,5%).

En outre, on ne peut imputer à ces différents facteurs les nombreuses annulations de dernière minute observées au mois de mai. Il n'y a donc rien de catastrophiste à prétendre que les débordements violents, leur répression et surtout leur médiatisation ont un impact sur l'affluence touristique de Montréal.

Ne dramatisons pas, l'image de marque de Montréal ne sera pas «ternie» à tout jamais. L'effet du mois de mai continuera à se faire sentir en juin, mais il s'estompera au fur et à mesure que disparaîtront les images d'un Montréal chaotique dans la mémoire des visiteurs.

Mais cela n'est pas une raison pour minimiser l'impact, bien réel, qu'ont eu les débordements. Et que pourrait donc avoir toute récidive.

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