Après des dizaines et des dizaines de sorties publiques, d'articles et de reportages au sujet de «la vente forcée» du volet international du BIXI, le ministre Laurent Lessard feint l'ignorance et fait volte-face: Montréal pourra finalement continuer à commercialiser son populaire service de vélo à travers le monde.

Il s'agit d'une excellente nouvelle pour l'avenir du BIXI à Montréal... qui confirme par ailleurs l'énorme problème de communication qui existe entre la province et sa métropole.

Le BIXI, en effet, est non seulement le symbole urbain par excellence, c'est aussi celui des rapports dysfonctionnels qu'entretiennent Québec et Montréal. Il n'est pas rare que les deux juridictions se contredisent publiquement, en dehors de quoi, bien souvent, c'est le silence radio...

BIXI est un cas d'espèce. Le maire Tremblay soutient avoir exprimé «22 000 fois» son souhait d'en conserver le volet international, alors que le ministre des Affaires municipales prétend n'avoir «jamais» eu vent de pareille demande.

Qui dit vrai? Tout milite en faveur de la Ville. Le ministre a toujours dit que Montréal devait respecter toutes les recommandations formulées l'an dernier par le vérificateur général. Or l'une d'elles préconise «la vente» de l'activité exportation, une exigence abusive, mais si ferme que le grand patron de BIXI a démissionné en novembre dernier! Et le ministre de prétendre qu'il n'était pas au courant...

En outre, bien difficile de ne pas voir là une manifestation de plus de l'insensibilité du gouvernement Charest pour la métropole. Surtout quand on lit les propos surréalistes du ministre Lessard qui a affirmé au Devoir, cette semaine, qu'il était discutable que les contribuables «financent un bécik à pédales». «Prendre 100 millions de taxes pour le mettre dans une opération commerciale, a-t-il dit, ça ne peut pas marcher».

Cela dénote une incompréhension totale de ce qu'est ce complément au réseau de transport collectif et de ses finances. Contrairement à la plupart des villes qui ont acquis BIXI, Montréal n'a pas mis un sou dans son réseau. Elle a simplement prêté 37 millions, une somme qui sera entièrement remboursée dans un peu plus de dix ans. Quant à la garantie de prêt de 71 millions, il ne s'agit que d'une garantie de prêt, justement, à un OSBL... qui s'autofinancera dès cette année!

Y a-t-il trop de risques à voir une ville s'occuper seule d'activités commerciales à caractère lucratif? Peut-être. Mais cela peut se régler sans procéder à une vente de feu. Montréal pourrait en effet céder une partie du volet international à de grands partenaires institutionnels comme Investissement Québec et le Fonds de solidarité, tout en conservant suffisamment de parts pour renflouer les coffres du volet local du BIXI. Et ainsi, assurer sa survie.

Maintenant que la Ville a les coudées franches, l'important n'est pas qu'elle conserve BIXI international à tout prix, mais bien qu'elle continue d'en faire profiter BIXI Montréal et ses abonnés.

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