Le gouvernement du Québec «recule par en avant» avec son Plan d'action sur les changements climatiques, dévoilé hier. Il se fixe un objectif fort ambitieux à l'horizon 2020, mais il se contente d'orientations beaucoup trop vagues pour s'assurer de l'atteindre.

Entendons-nous, il y a du bon dans ce plan, à commencer par le marché du carbone qui imposera dès l'an prochain un plafond et, surtout, un prix aux émissions de gaz à effet de serre. Mais pour le reste, on cherche en vain les détails qui feraient de ce document autre chose qu'un énoncé d'intentions.

Il est en effet curieux que le gouvernement Charest, après des années de lutte contre les changements climatiques, des tournées, des commissions parlementaires et d'innombrables consultations finisse par déposer un «plan d'action» dans lequel semble manquer, justement, les actions...

Il suffit de relire le plan précédent (2006-2012) pour s'en convaincre. Il s'appuyait sur 26 «mesures» concrètes, chacune dotée de leur propre enveloppe d'argent, leur «potentiel de réduction» d'émissions spécifique et leur liste de ministères concernés.

Cette fois, on se contente d'énumérer 30 «priorités» visant à «favoriser», «améliorer», «consolider» et «soutenir». Des priorités, pour la plupart, auxquelles on ne rattache ni échéancier ni cible de réduction ni porteur de ballon.

En fouillant un peu, on retrouve bel et bien certaines mesures concrètes, comme l'imposition de la norme Novoclimat dès juillet, le renforcement de la norme d'efficacité des automobiles, le prolongement de la taxe sur le carbone ou la volonté de miser sur le transport collectif.

Mais à quel point ces mesures contribueront-elles à rapprocher le Québec de sa cible de réduction des GES de 20% en 2020? Comment compenseront-elles les ambitions pétrolières et gazières de la province? Combien coûtera chaque tonne de gaz à effet de serre réduite?

Mystère.

Le gouvernement exige donc un acte de foi de la part des Québécois. Il demande qu'on lui fasse aveuglément confiance, même si la seule évaluation des effets de la première phase du plan fixe les réductions d'émissions à seulement 6 millions de tonnes (sur un total de 78 Mt). Cela est beaucoup moins que le précédent plan qui visait 14 Mt... et beaucoup moins que les 17 Mt qu'il faudra couper pour atteindre la cible de 2020.

Cette absence de détails s'explique, possiblement, par la tenue prochaine du Sommet Rio+20, voire par le contexte politique et électoral de la province. Mais il se justifie bien mal, surtout dans la foulée du dernier rapport du Commissaire au développement durable qui a justement accusé le gouvernement de mener son combat climatique sans grand souci pour la reddition de comptes...

Plutôt que de précipiter la sortie d'un plan d'action inachevé qui nous ramène à l'époque des grandes orientations environnementales, Québec aurait eu intérêt à prendre son temps afin de présenter un plan d'action aussi ambitieux que les objectifs qu'il s'est fixés.

francois.cardinal@lapresse.ca

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