Au lendemain d'une catastrophe, le réflexe est de trouver un coupable. On l'a vu cette semaine encore à la suite des pluies diluviennes qui se sont abattues sur la métropole: bien des doigts accusateurs ont montré Gérald Tremblay... qui a décidément le dos très large.

On peut certes reprocher au maire sa propension à fuir ses responsabilités, à se fermer les yeux sur ce qui se déroule autour de lui, à ne pas exercer suffisamment de leadership. Mais s'il y a un dossier où il n'est pas resté les bras croisés, c'est bien celui des infrastructures liées à l'eau.

Avant toute chose, rappelons le caractère exceptionnel des précipitations de mardi. En soi, la quantité d'eau totale qui s'est déversée n'a rien d'inhabituel (entre 50 et 70 mm). Mais le taux de précipitation à la minute était rarissime par contre, quoi qu'en dise Projet Montréal.

Tombant dans la basse partisanerie, le leader du parti, Marc-André Gadoury, a en effet soutenu qu'il est «un peu faux» de dire que la pluie de mardi était exceptionnelle puisque des averses similaires se sont produites en 2008 et 2009, notamment. Certains médias ont même ajouté que de telles averses se reproduisent maintenant «chaque année».

Or rien n'est plus faux. Il est tombé 30 mm d'eau en 30 minutes en 2008, puis 20 mm d'eau en 15 minutes en 2009, ce qui est certes intense, mais qui survient tout de même tous les cinq à dix ans! En revanche, cette semaine, il est tombé plus de 30 mm d'eau en 15 minutes, une intensité que l'on n'observe qu'aux 100 ans, selon André Cantin d'Environnement Canada.

Pour avoir une idée du torrent que cela représente, soulignons qu'on a observé un taux de précipitation similaire... lors du déluge de juillet 1987 (29,8 mm en 15 minutes)! La différence toutefois, c'est qu'il avait plu beaucoup plus longtemps à l'époque et donc, la quantité d'eau tombée était bien supérieure (101 mm).

Maintenant, y a-t-il une déficience des infrastructures souterraines de Montréal? Et cela a-t-il contribué à amplifier les inondations de mardi? Sans aucun doute. Sous les rues de la métropole se cachent des conduites très abîmées, des réseaux collecteurs inadéquats et surtout, des bassins de rétention trop petits.

Mais ne nous laissons pas aveugler par l'impopularité du maire. Le coupable, ce n'est pas lui, mais ses prédécesseurs, partout sur l'île. Les municipalités se sont abstenues d'entretenir le réseau au cours des 50 dernières années, dépensant en moyenne 16 millions par année durant les années 90. Que l'on ne se surprenne pas des refoulements aujourd'hui.

Depuis la prise de pouvoir de Gérald Tremblay, en 2002, les investissements ont crû à 216 millions par année, puis continueront de le faire à la faveur d'une courageuse Stratégie de l'eau à l'horizon 2020 (les cônes orange, c'est aussi ça...).

On peut certes blâmer l'administration avec sévérité pour le scandale des compteurs d'eau qui a ralenti la cadence des travaux de remise en état des infrastructures. Mais au moins, ces travaux ont lieu.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion