À l'approche de la saison touristique, l'inquiétude grandit à Montréal. Les commerçants, hôteliers et organisateurs d'événements craignent que la crise étudiante fasse fuir les visiteurs étrangers au moment où leur présence est la plus désirée.

Il y a en effet un risque que la saison estivale soit passablement affectée par le conflit en cours. Plus il s'étire, plus il est médiatisé à l'international, plus il y aura d'annulations. Et plus il y aura aussi, on tend à l'oublier, de visiteurs québécois et de banlieusards qui fuiront Montréal...

Déjà, les dérapages périodiques - et non les manifestations comme telles - ont incité certains visiteurs internationaux à annuler leur escapade à Montréal. Les images les plus saisissantes, condensées et répétées dans les chaînes de nouvelles continues amplifient la crise, vue de l'extérieur.

Évitons l'hyperbole, cela dit. L'image de Montréal ne sera pas davantage «ternie» ou «maganée» que ne l'a été celle de Londres, l'an dernier, suite aux violentes émeutes. Mais il n'en reste pas moins que les turbulences auront assurément un impact sur la saison touristique 2012, qui démarre dans à peine deux semaines avec le Grand Prix.

Cela est d'autant plus probable qu'il faut ajouter, à ce problème, la fuite des visiteurs québécois, encore plus exposés à la médiatisation du conflit, donc encore plus susceptibles d'éviter la métropole. Bien plus que pour le touriste ayant tout réservé des mois à l'avance, il est facile pour un Saguenéen de remettre son escapade dans la métropole, pour un Gaspésien de remplacer les festivals de Montréal par ceux de Québec, ou pour un Trifluvien de contourner l'île pour se rendre en Ontario.

Voilà une perte sèche qu'il ne faut pas sous-estimer. L'an dernier, les Québécois représentaient plus de 50% du marché touristique de Montréal. Ils ont dépensé 500 millions, soit environ 20% de l'ensemble des recettes touristiques de la région.

Ajoutons à cela, enfin, une autre défilade plus sournoise et difficile à chiffrer, celle des banlieusards.

Le Grand Montréal est une région où l'on retrouve de plus en plus de pôles, souvent concentrés autour d'immenses centres commerciaux comme le DIX30 ou le Faubourg Boisbriand, qui rendent les couronnes autosuffisantes.

Les résidants des lointaines banlieues, voire des villes de proximité comme Laval et Longueuil ont ainsi de plus en plus de raisons d'éviter les ponts, ce qu'ils ne se privent pas de faire.

Or les manifestations qui dérapent, les incidents dans le métro, les images de voyous abîmant des autos, les bouchons de circulation, les assauts de la police sur les terrasses, les blocages de ponts ont le potentiel de consolider, voire d'accélérer cette tendance en renforçant l'image - fausse mais néanmoins véhiculée - de la grande ville dangereuse et chaotique.

Les prochains jours seront cruciaux. Les parties doivent donc aborder ces négociations de la dernière chance avec toute la bonne foi possible afin de dénouer la crise... et éviter qu'elle n'emporte Montréal avec elle.

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