Certains doivent jeter des coups d'oeil nerveux à la fenêtre depuis hier...

Chronologie de l'affaire Catania-Zampino

> En graphique: le parcours de l'influence

L'arrestation au petit matin de Frank Zampino et de ses présumés acolytes envoie un signal clair à tous ceux qui ont trempé dans des histoires illicites ces dernières années: la culture d'impunité qui régnait en politique municipale il y a 18 mois encore a du plomb dans l'aile.

Les enquêtes journalistiques, la colère des citoyens et l'indignation de l'opposition auront en effet eu raison de la permissivité de la Ville et du gouvernement qui, jusqu'à tout récemment, refusaient de s'attaquer avec sérieux à la corruption qui gangrène le système.

Entendons-nous, il y avait bel et bien une dénonciation publique des agissements les plus vils, mais les élus s'en tenaient la plupart du temps à une indignation un peu feinte ainsi qu'à une refonte administrative.

Pensons à Frank Zampino, qui, jusqu'ici, n'avait pas été dérangé par les révélations inquiétantes qui ont été publiées après sa démission comme président de l'exécutif. Pensons à ceux qui ont pu tirer leur révérence sans être importunés par le scandale des compteurs d'eau.

Et pensons à ceux, aussi, qui ont gravité autour de l'hôtel de ville, comme Tony Accurso qui est longtemps demeuré loin des tribunaux malgré de nombreuses révélations. Pensons à Paolo Catania, arrêté hier, qui se croyait invulnérable au point de lancer une poursuite contre la Ville dans le dossier Contrecoeur...

Mais le vent a tourné depuis quelques mois grâce à des enquêtes policières minutieuses et nombreuses. Les perquisitions se sont multipliées. La pression s'est intensifiée. Et les premières arrestations ont été effectuées... aux plus hauts échelons politiques.

On parle, ici, d'accusations visant l'ancien homme fort de Gérald Tremblay, accompagné de son homme de confiance et de son homme de terrain. Il est en effet question d'un «stratagème» de collusion dont le bras droit du maire aurait été «la tête dirigeante», mené avec la complicité de l'ancien chef de cabinet du maire, au profit notamment de l'ancien collecteur de fonds du parti du maire.

Évidemment, la justice décidera de la culpabilité des neuf accusés, elle nous dira si le parti au pouvoir a profité financièrement du Projet Contrecoeur et elle nous dira s'il est nécessaire de s'interroger sur l'imputabilité politique de Gérald Tremblay. Parallèlement, la commission Charbonneau nous aidera à comprendre le contexte dans lequel de tels agissements auraient pu avoir lieu.

Mais déjà, peu importe le sort qui attend les accusés, leur simple arrestation a jeté une douche froide sur l'immunité dont certains ont trop longtemps cru jouir. Et en cela, elles auront été salutaires.

Il est certes important de punir, individuellement, les personnes qui détournent l'argent public en leur faveur, mais il est encore plus important de s'attaquer à la culture d'impunité qui encourage de tels comportements.

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