Les consultations publiques sur le financement du transport en commun qui viennent de se terminer avaient des airs de référendum: pour ou contre un péage autour de l'île?

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La question est pertinente, mais prématurée. Avant même de penser installer de tels postes sur les ponts, il importe de développer l'offre de transport en commun, massivement et rapidement. Et pour ce faire, de nouveaux revenus sont nécessaires aujourd'hui même.

Où les puise-t-on? Dans les poches des usagers ou des automobilistes?

Il est certes possible d'indexer les tarifs aux usagers, mais ne pressons pas davantage le citron. À Montréal, les tarifs ont déjà bondi de 40% depuis 2002. La portion des revenus de la STM provenant de sa clientèle a ainsi grimpé à 46%, ce qui est déjà beaucoup (la proportion est de 31 % dans la région).

À l'inverse, les sommes demandées aux automobilistes n'ont que légèrement crû durant la même période. Les villes de banlieue ayant refusé de toucher à l'immatriculation, les droits exigés en dehors de l'île sont les mêmes... qu'en 1996! Quant à la taxe sur l'essence réservée à l'AMT, on l'a bien augmentée de 1,5 ¢ en 2010, mais cette légère hausse faisait suite à un gel maintenu depuis... 1996! Résultat : les automobilistes n'assument qu'un maigre 7 % des revenus consacrés au transport collectif dans la région.

Si l'on veut répondre ne serait-ce qu'à la demande croissante dans le bus, le métro et le train, il serait donc plus équitable d'augmenter les droits d'immatriculation et la taxe sur l'essence. D'autant que le développement du réseau profitera autant aux automobilistes qui délaisseront leur voiture qu'à ceux qui continueront de l'utiliser.

Afin d'accroître l'acceptabilité sociale de telles mesures, il sera toutefois important d'orienter les revenus vers des projets peu coûteux aux résultats immédiats. On peut bien rêver à un tramway et à trois prolongements de métro, mais si l'on souhaite que la hausse d'affluence du transport collectif se poursuive, il faudra d'abord développer l'autobus et ses déclinaisons.

Il faudra, d'ici cinq ans, tripler les voies réservées, décupler les mesures préférentielles aux autobus et multiplier les circuits de service rapide par bus (SRB), sur Pie-IX et Henri-Bourassa, voire Parc, René-Lévesque, Notre-Dame.

Parallèlement, il sera possible de réfléchir aux implications d'un retour du péage, d'envisager l'implantation d'un tramway et d'un train sur Champlain et même de prolonger les lignes de métro, une par une. Autant de mesures, d'ailleurs, que pourrait financer le futur Marché du carbone dont on prévoit des revenus de 450 M$ par année, dès 2015.

Le retour des péages à Montréal doit certainement être envisagé, mais il doit d'abord être sérieusement étudié. Et cela ne doit pas servir de prétexte à un report du nécessaire développement du transport en commun, à court terme.

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