Montréal est une métropole. Ce qui amène certes des bénéfices, mais aussi des inconvénients... que le maire aimerait refiler au gouvernement du Québec.

Gérald Tremblay, en effet, n'en peut plus de tous ces débordements que doivent encadrer ses services de sécurité, sa police, ses pompiers. Il est fatigué de signer des chèques pour contrôler les inconditionnels de U2, les déçus du Canadien, les opposants à la brutalité policière, les marginaux et par les temps qui courent, les étudiants.

Entendons-nous, le maire n'entend pas interdire les festivals ni empêcher qui que ce soit de s'exprimer dans les rues de la métropole. Mais cela commande compensation, croit-il, sous la forme d'une «prime à la métropole» de 35 millions par année.

Cela, fera-t-il valoir au ministre de la Sécurité publique dans quelques jours, serait un juste dédommagement pour les nombreuses manifestations qui ont lieu à Montréal, mais aussi pour la criminalité qu'on y déplore (enlèvements, menaces terroristes, importation de drogues) et les défis sociaux qui lui sont propres (itinérance, immigration, prostitution).

Bref, le maire amalgame un paquet de problèmes urbains, leur accole un coût global, puis envoie la facture à Québec.

Curieux réflexe pour le maire d'une grande ville qui réclame un statut de métropole et une plus grande autonomie...

On retrouve en effet dans la demande de la Ville deux types d'enjeux qui n'ont rien à voir entre eux. Il y a d'abord les dommages collatéraux des bénéfices d'une grande ville. Montréal compte un nombre impressionnant d'universités, de festivals, de spectacles et d'événements sportifs, autant d'éléments qui remplissent ses coffres et la gonflent de fierté... mais qui ont aussi leurs revers: débordements, manifestations, casses, etc.

Difficile de profiter de tout cela... tout en exigeant que l'ensemble des Québécois assume leur contrepartie.

Il y a ensuite les enjeux sociaux spécifiques à une grande ville. Se concentrent à Montréal la plupart des problèmes de pauvreté, d'itinérance, de prostitution et de drogues de la province, ce qui induit des dépenses qui ne sont, cette fois, compensées par aucun bénéfice. Des dépenses qu'il est donc justifié de partager entre tous les Québécois.

Mais dans ce cas, que le maire précise sa demande et s'en tienne aux défis sociaux qui occupent ses services de sécurité. Les besoins spécifiques de Montréal à ce chapitre sont indéniables et l'aide de Québec, nécessaire.

Le maire peut certainement évoquer la solidarité de l'ensemble des contribuables pour affronter des problèmes sociaux dont ne veut aucune ville, demander des enveloppes dédiées à l'itinérance ou la pauvreté, exiger un financement accru pour des logements abordables et des programmes sociaux.

Mais il ne peut évoquer cette même solidarité pour compenser les effets négatifs des festivals, spectacles et matchs de hockey desquels proviennent certains débordements. Montréal en tire bien plus de bénéfices que de dommages collatéraux... aussi agaçants soient-ils.

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