«Dégoûté» par le grabuge auquel il a assisté la semaine dernière, le maire Tremblay entend interdire le port des masques et cagoules lors des manifestations.

Espérons, cette fois, qu'il ne se contentera pas de simples menaces sans lendemain.

C'est en effet la deuxième fois que le maire joue cette scène. Il avait proposé une pareille modification réglementaire en 2009, mais il avait reculé pour ne pas marcher sur les orteils des défenseurs des libertés civiles.

Hélas. Car la situation déplorée à l'époque s'est aggravée depuis, faute de gestes politiques courageux. Les manifestations sans vandalisme sont en effet de plus en plus rares tant l'infiltration des casseurs est devenue la norme. Des casseurs de mieux en mieux organisés qui ont pris l'habitude de dissimuler leur identité pour mieux saccager.

Or cette situation nuit davantage au droit de manifester que tout règlement visant à encadrer les masques. Ce qui est menacé, ce n'est pas tant le droit de manifester vêtu comme bon nous semble... que le simple droit de manifester.

Le noyautage presque systématique des manifestations entraîne en effet trois conséquences fâcheuses. D'abord, il éloigne les citoyens qui ne se sentent plus suffisamment à l'aise pour manifester leur colère, comme l'a prouvé à nouveau la marche contre la brutalité policière. Combien de citadins auraient voulu exprimer leur mécontentement, mais sont restés à la maison par crainte de la casse?

Ensuite, cette infiltration de vandales oblige de plus en plus les organisateurs de manifestations à prévenir eux-mêmes les troubles en expulsant les personnes malveillantes, comme doit le faire la FTQ lors des marches du 1er mai, ou en les immobilisant carrément, comme ont été obligés de le faire les étudiants ces derniers jours.

Enfin, la présence de casseurs exacerbe les inquiétudes des policiers qui n'hésitent plus à déclarer les manifestations illégales quelques minutes après qu'elles se soient mises en branle. Autant d'éléments qui, mis ensemble, minent sérieusement le droit de manifester pacifiquement.

Le Code criminel interdit certes le port du masque dans un dessein criminel, mais sa portée est trop restreinte pour être efficace. D'où la nécessité d'une nouvelle réglementation rééquilibrant les droits et responsabilités des manifestants. Une réglementation qui doit être libellée de façon à ne s'attaquer qu'aux masques utilisés de façon mal intentionnée, comme c'est le cas en France et en Allemagne.

Il importe, en effet, de limiter au minimum l'atteinte aux droits démocratiques les plus élémentaires. Mais chose certaine, le statu quo est un préjudice plus grand encore que celui que l'on entend imposer.

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