Seize scientifiques ont signé une lettre coup-de-poing dans le Wall Street Journal du 27 janvier dernier. Intitulée «Pas besoin de paniquer à propos du changement climatique», elle prend le contre-pied du discours ambiant sur les gaz à effet de serre.

Au coeur de la missive, une affirmation accablante: «La température de la Terre ne s'est pas réchauffée depuis plus de 10 ans.»

En appui à leur thèse audacieuse, aussitôt présentée au pays comme «le triomphe de la vérité», les scientifiques évoquent non pas une ou plusieurs études contredisant le réchauffement, mais bien... un courriel.

En effet, les auteurs - un astronaute, un ingénieur en aérospatiale ainsi que des météorologues et physiciens pour la plupart étrangers à la science du climat - appuient leur argumentaire sur une simple phrase extraite d'un courriel piraté du climatologue Kevin Trenberth. Puis ils citent une étude économique du professeur William Nordhaus de Yale pour faire valoir l'inutilité de toute action visant à réduire les gaz à effet de serre.

Or, les deux hommes ont contredit avec force arguments, ces derniers jours, ce qu'on leur a fait dire. Exactement comme l'ont fait avant eux plusieurs chercheurs cités par l'ancien ministre français Claude Allègre dans son livre L'imposture climatique. Claude Allègre, d'ailleurs, qui fait partie des signataires de la lettre du WSJ...

Plus encore, les études scientifiques sur le climat arrivent à des conclusions on ne peut plus éloignées de celles des 16 auteurs. La dernière en date, le State of the Climate Global Analysis de la réputée National Oceanic and Atmospheric Administration des États-Unis, conclut même que la planète a connu l'an dernier sa 11e année la plus chaude depuis 1880...

«La température annuelle (de 2011) est au-dessus de la moyenne pour une 35e année consécutive depuis 1976. Les années les plus chaudes ayant été 2010 et 2005», note-t-on.

Cela va dans le même sens que des centaines et des centaines d'études publiées dans les plus prestigieuses publications scientifiques. Dans le même sens que les conclusions de la centaine de chercheurs affiliés au Groupe d'experts sur l'évolution du climat (GIEC).

Dans le même sens, aussi, que la National Academy of Sciences des États-Unis, que les principales académies des sciences du monde et que l'ensemble des organisations représentant les experts du climat.

Il y a certes, au sein de la communauté scientifique, des divergences d'opinions sur la façon de lutter contre les changements climatiques. Il y a même des différends importants sur la nature de ces changements. Les climatologues ne s'entendent pas, par exemple, sur le lien entre les gaz à effet de serre et la recrudescence de phénomènes extrêmes, comme les sécheresses et les inondations. Ils nourrissent des doutes quant à l'effet du CO2 sur l'intensité et la fréquence des cyclones.

Mais une écrasante majorité d'entre eux sont néanmoins convaincus d'une chose: la Terre se réchauffe en raison des gaz à effet de serre émis par l'homme. Affirmer le contraire est mensonger.

francois.cardinal@lapresse.ca

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