Ottawa a déclenché, dimanche, la phase d'évaluation environnementale du futur pont devant relier Montréal à la Rive-Sud. Il a ainsi démontré sa volonté de remplacer le pont Champlain et surtout, de le faire vite.

Trop vite? La question se pose alors que le fédéral tente de réduire le temps alloué à l'«examen préalable» de 36 à 18 mois. De la part d'un gouvernement dont le dédain pour ce genre d'exercice semble croissant, cela peut faire sourciller.

Mais dans le cas qui nous occupe, soyons honnêtes, ce désir de faire vite se justifie pleinement.

D'abord, il y a urgence. Le plus récent examen de la structure, publié en mars dernier, concluait à «un risque d'effondrement partiel du pont». Dans une province échaudée par la chute de viaducs et de paralumes, l'avertissement n'est pas à prendre à la légère...

Ensuite, on connaît bien le secteur. On sait qu'il y a des herbiers servant de frai, un refuge d'oiseaux migrateurs et deux sites archéologiques amérindiens, ce qui, en plus de la présence actuelle d'un pont dans le même axe, donne aux experts une longueur d'avance pour cerner les problèmes et proposer des mesures d'atténuation.

Enfin, c'est un projet stratégique. Que ce soit en raison des nombreux chantiers qui parsèment le pont Champlain, de la congestion et des retards qui en résultent ou encore, de l'importance de cette infrastructure dans le casse-tête composé de Turcot, Bonaventure, Griffintown et l'autoroute 30.

Si le gouvernement réussit à raccourcir l'étude environnementale tout en conservant des critères rigoureux, tant mieux. Après tout, l'«examen préalable» est un exercice rodé, prévu dans la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, qui permet de faire le tour d'une question complexe. Le cas contraire, ses auteurs doivent recommander la tenue d'une évaluation plus poussée, voire d'une commission d'examen élargie. Une option que ne rejette pas Ottawa.

Cela dit, expédier n'est pas synonyme de bâcler. Ottawa peut certes raccourcir les délais, lorsque possible, mais il doit éviter d'y voir une dispense des règles minimales de bonne gestion, ce qui pourrait s'avérer catastrophique en terme technique et financier.

En ce sens, il doit démontrer plus de transparence, préciser les détails de sa démarche, promettre qu'il consultera la population et surtout, cesser de faire cavalier seul. Le futur pont Champlain ne peut être pensé et conçu à Ottawa, déposé sur le fleuve, puis simplement refilé à Québec.

En outre, le fédéral doit déclencher au plus vite les études qui lui permettront plus tard de faire des choix éclairés. S'il veut éviter l'acier et le béton, par exemple, qu'il examine dès que possible la possibilité d'utiliser l'aluminium. S'il veut construire autre chose qu'une banale passerelle, il doit rapidement lancer un concours de design.

On peut certes raccourcir certaines étapes pour gagner du temps. Mais déclenchons-en d'autres parallèlement afin d'éviter que les décisions ne s'imposent d'elles-mêmes... faute de temps.

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