Nous vous présentons aujourd'hui le premier de deux éditoriaux sur Kyoto, le Canada et la suite des choses.

Le gouvernement du Canada a tourné le dos à Kyoto parce qu'il «appartient au passé». Mais il a oublié de nous dire ce qui appartient à l'avenir...

Au lendemain de la Conférence de Durban, on sait seulement que d'ici 2020, Ottawa entend réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 3% sous leur niveau de 1990 (ou de 20% sous leur niveau de 2006).

Comment? Mystère. Il n'y a pas plus de plan d'action que de programmes, d'incitatifs, de bourse du climat ou de taxe sur le carbone à l'horizon.

Rien, sinon un règlement sur les émissions d'échappement des véhicules, une volonté de fermer des centrales au charbon une fois leur fin de vie atteinte et une vague promesse de capter le carbone, un jour, peut-être.

Or ces quelques mesures ne permettront certainement pas d'atteindre la cible de réduction fixée de plein gré par les conservateurs, pas plus que leurs promesses de «nettoyer l'atmosphère» et de faire du pays une «superpuissance de l'énergie propre».

Au mieux, les mesures en place permettront une réduction équivalente au tiers de l'objectif visé pour 2020, selon une étude de l'Institut Pembina dévoilée la semaine dernière.

Ceux qui prétendent que les conservateurs ont au moins le mérite de jouer franc-jeu en reniant le protocole de Kyoto se trompent donc: le Canada est tout autant en porte à faux avec ses engagements aujourd'hui... qu'à l'époque libérale.

Pourtant, il existe une solution toute faite pour un gouvernement de droite qui entend agir sans se mettre les entreprises à dos: une taxe sur le carbone.

Certes, Stephen Harper a jadis ridiculisé l'idée, la qualifiant de «taxe sur tout». Mais le premier ministre est un bien trop fin connaisseur des subtilités économiques pour que ces arguments soient autre chose que de viles attaques partisanes.

La preuve la plus éclatante nous vient du Conseil canadien des chefs d'entreprise, principal porte-parole du milieu des affaires au pays. Cet organisme qui représente notamment Suncor, Shell et Encana a maintes fois demandé un prix sur le CO2.

Réclamant une «politique nationale unifiée sur le prix du carbone», en 2009, le CCCE soulignait que «les signaux de prix constituent un excellent moyen de stimuler les investissements des entreprises dans les nouvelles technologies».

Plus difficile à tourner en dérision que Stéphane Dion...

Les experts, comme les chefs d'entreprises, s'entendent en effet sur l'importance de mettre un prix sur les émissions pour trois raisons: réduire les GES en jouant avec les lois du marché, susciter l'innovation et la modernisation technologiques, fixer une même règle pour tout le monde.

Et mettre fin, pourrait-on ajouter, à l'incertitude politique... que les conservateurs entretiennent au même titre que leurs prédécesseurs, en refusant d'agir malgré des promesses faites en ce sens.

Demain: les arguments fallacieux des Conservateurs...





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