Le maire Tremblay a déposé cette semaine un budget à son image: responsable, mais sans grande ambition. Une sobriété qui sied peut-être au contexte économique, mais qui risque d'accélérer l'exode des familles vers la banlieue.

En soi, la croissance des dépenses et des taxes foncières était non seulement raisonnable, mais inévitable. Retirez l'épineux problème des régimes de retraite, et vous vous retrouvez avec une hausse des dépenses de 2,3% et des taxes foncières de 2,5%, en symbiose avec l'inflation.

Bien difficile de voir là un budget hors de contrôle, dans un contexte où l'on exige que la Ville renforce son expertise interne, s'attaque aux legs empoisonnés des décennies passées (eau et voirie), assume une hausse de la TVQ et du prix de l'essence et encadre avec efficacité le boum immobilier.

Le 10e exercice budgétaire du maire Tremblay est donc responsable en ce qu'il assume des investissements trop longtemps pelletés en avant. Mais ce faisant, comme l'a souligné Projet Montréal, il néglige ce qui devrait être sa priorité: les jeunes familles.

Le revers du budget 2012, en effet, ce sont ces nombreuses petites décisions qui piétinent le Plan d'action famille. La hausse des tarifs de transport en commun qui atteindra, comme l'a rappelé Vision Montréal, 51% en 10 ans pour la carte mensuelle, 75% pour la carte à tarif réduit. Le gel et l'iniquité des dotations aux arrondissements, qui se répercutent directement sur les services de proximité. Le détournement à d'autres fins des 15 millions que la STM a réussi à gagner en productivité.

À cela s'ajoute la diminution de 15% de l'enveloppe attribuée à l'habitation, ce qui se traduit par une baisse de 2,4 M$ du programme d'accession à la propriété et de 3,3 M$ de l'aide à la rénovation.

L'administration rétorque qu'il y a moins de familles qui se prévalent de ces subventions que prévu. Soit, mais cela peut aussi vouloir dire que le programme n'est pas adéquat.

Les dernières statistiques montrent en effet que la Ville est loin de l'objectif de son plan, soit une réduction de 25%, d'ici 2012, du nombre de personnes qui quittent Montréal pour la banlieue. La perte était de 23 827 personnes en 2006-2007. Elle était de 23 640 en 2009-2010. Une baisse de... 0,8%.

Voilà où le budget Tremblay-Applebaum manque d'ambition: il se résigne à l'exode des jeunes familles en se contentant d'éviter qu'il ne s'aggrave. Ce qui revient à accepter qu'une famille sur deux fuie l'île lorsque bébé se pointe. Que les 25-44 ans sont plus nombreux à quitter la ville qu'à s'y installer. Qu'une bonne partie des francophones opte pour la banlieue.

Il est évidemment impossible d'enrayer le phénomène, pour toutes sortes de raisons qui ne relèvent pas nécessairement de la Ville, mais il est primordial de tenir le cap sur la cible que l'administration s'est fixée.

Qualifier le budget «d'antifamilles», comme l'a fait l'opposition, est trop sévère. Mais on ne peut certainement pas parler d'un budget qui plaira aux familles.

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