À mi-chemin entre deux élections, il est tout aussi important de faire le bilan des chefs de l'opposition à l'hôtel de ville que du maire. D'autant que Louise Harel et Richard Bergeron, au coude à coude dans les sondages, ont annoncé leur intention de se représenter en 2013.

D'abord, disons-le, tant Vision Montréal que Projet Montréal ont joué un rôle constructif au cours des deux dernières années. La métropole ayant eu droit dans le passé à des partis d'opposition tantôt destructifs, souvent apathiques, l'attitude mérite d'être saluée.

Ils ont en effet réussi, la plupart du temps, à éviter de tomber dans la critique pour la critique, tout en étant pugnaces à souhait lorsque la situation le commandait. Ils ont joué leur rôle lors des multiples scandales qui ont ébranlé l'administration, de la SHDM aux compteurs d'eau en passant par l'espionnage du vérificateur.

Cela dit, la question qui importe à mi-mandat est celle-ci: ces deux élus d'envergure ont-ils profité des dernières années pour imposer leur vision sur la scène municipale?

Oui... et non. Chacun a creusé son sillon avec efficacité, certes, mais chacun a eu beaucoup de difficulté à l'élargir.

Louise Harel et Richard Bergeron sont débarqués à l'hôtel de ville avec leur cheval de bataille respectif: les structures pour l'une, le transport collectif pour l'autre. Or, après deux ans à l'hôtel de ville et dans les conseils d'arrondissement, tous deux ont encore de la difficulté à monter d'autres chevaux, à approfondir leur vision de la ville, à parler d'autres sujets avec autant de passion qu'ils le font pour leur enjeu de prédilection.

Entendons-nous, les deux chefs se sont prononcés sur à peu près tous les sujets, ils portent une plateforme qui ratisse large. Mais il suffit de passer une heure avec chacun d'eux pour s'apercevoir qu'ils voient encore la ville presque exclusivement sous la lorgnette de leur passé.

Comme ancienne ministre des Affaires municipales ayant piloté la fusion, Mme Harel aborde encore la Ville comme une structure qu'il faut réorganiser, épurer, améliorer. M. Bergeron, comme ancien employé de l'AMT et auteur de deux livres sur la voiture, pense l'urbanité en fonction presque exclusivement du transport collectif.

Du coup, ni la chef de Vision Montréal, ni le chef de Projet Montréal n'ont réussi à se défaire de leur boulet. Louise Harel donne l'impression de vouloir achever la réforme qu'elle a lancée et ne passe donc toujours pas auprès des anglophones et des anciennes banlieues. Richard Bergeron porte quant à lui un fort stigmate «anti-auto», renforcé par le plan de circulation du Plateau, ce qui le met en porte à faux avec les automobilistes, plutôt nombreux sur l'île...

Les chefs peuvent se consoler en se disant qu'ils ont les qualités de leur défaut, qu'ils offrent aux électeurs un choix clair entre deux visions, deux grandes priorités. Mais ils gagneraient néanmoins à élargir la perspective avec laquelle ils envisagent le Montréal de demain.

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