Le développement durable du Grand Nord n'a pour l'instant rien de bien durable...

Moussé à grands coups de pubs, de tournées et d'annonces à grand déploiement, le Plan Nord ressemble de plus en plus à ces produits dont les mérites ont été gonflés par le marketing.

Depuis les débuts, le gouvernement Charest présente son plan comme la quintessence d'une gestion raisonnée du territoire, offrant à la fois des bienfaits économiques, sociaux et environnementaux à la collectivité. Promettant de laver plus vert que vert, il s'est ainsi engagé à «protéger 50% du territoire». Rien de moins.

Or ce que les petits caractères révèlent aujourd'hui, au gré des séances publiques d'information, c'est que l'intention est de conserver 12% du Nord. Rien de plus.

Le reste du territoire soi-disant «protégé» serait transformé en «réserves de terres du capital nature», un concept inventé de toutes pièces dans les officines gouvernementales. Un concept flou qui ne s'apparente à aucune des six catégories d'«aires protégées» consacrées par loi, selon des normes internationales bien définies.

Pour comprendre la chose, il importe d'additionner les quelques lignes écrites sur le sujet et les déclarations faites récemment à gauche et à droite. Ainsi, les coupes forestières seraient interdites dans ces «réserves»... sauf celles «qui ne portent pas préjudice à la biodiversité». Les activités minières seraient formellement proscrites... sauf celles qui visent «l'exploration». La protection serait consacrée pour toujours... sauf si «certains motifs relevant de l'intérêt public» incitent le gouvernement à changer d'idée un jour.

Bref, on fait passer une vulgaire conservation de façade pour une réelle protection du territoire.

Dommage. On a cru, jusqu'ici, aux prétentions du gouvernement Charest qui promettait de mener de front les missions économique, sociale et environnementale du Plan Nord. Mais tout, depuis, révèle un déséquilibre en faveur du développement: la minceur du document de consultation, l'improvisation du volet conservation, l'annonce du calendrier des consultations quatre jours avant la première séance, etc.

En revanche, le volet «développement» du Plan Nord est on ne peut plus clair. Tellement que les projets se multiplient, que de nouvelles routes sont envisagées, que la BMO prédit que le boum nordique annulera les effets de la crise économique...

On voudrait bien s'en réjouir, mais sans réel plan de conservation en parallèle, ces bonnes nouvelles ne s'apparentent qu'à des coups d'argent, des possibilités d'affaires malheureusement sans lendemain.

S'il entend prouver qu'il n'a pas simplement décidé d'ouvrir le Nord pour ensuite draper ses intentions de vert, Québec a encore le temps de se rattraper. Il peut profiter de la période d'analyse qui suivra la consultation pour préciser ses intentions, mieux définir son concept et resserrer les critères de protection.

Le cas contraire, il devra cesser d'accoler l'épithète durable au développement du Nord.

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