Tony Clement a détourné de leur cible 50 millions de dollars en fonds gouvernementaux. Il a permis à des donateurs du parti de s'impliquer dans la gestion de ces deniers publics. Il a fait pression pour intégrer un de ses amis dans le stratagème. Et il a saupoudré le tout dans sa circonscription.

Bref, à l'approche du sommet du G8 l'an dernier, le président du Conseil du Trésor a contourné à peu près toutes les règles d'imputabilité et d'éthique... que son propre ministère est chargé de faire respecter.

Le NPD, qui mène la charge de façon impressionnante dans ce dossier, entend demander à la GRC d'enquêter et au comité parlementaire de l'éthique de se pencher sur cette troublante histoire à laquelle est lié le bureau du premier ministre.

On comprend le sentiment d'impuissance et de frustration de l'opposition, mais ce n'est ni à la police ni aux élus de s'atteler à une telle tâche. Elle incombe plutôt au vérificateur général, John Wiersema, dont le mandat est de veiller à la bonne gestion des fonds publics.

Certes, il a déjà publié un rapport sur la question au printemps, rapport qui lui avait permis de qualifier cette histoire d'«inhabituelle et troublante». Mais la grande révélation des documents dévoilés par le NPD jusqu'ici, c'est que le stratagème mis en place par Tony Clement était si habile et opaque que le vérificateur n'a jamais réellement pu y mettre le nez.

D'abord, toute la documentation se cachait dans un placard du bureau de circonscription, loin du regard du VG. Ce dernier savait que le fonds de 50 millions avait été dissimulé dans une enveloppe plus large visant à «réduire l'engorgement à la frontière». Il savait que l'argent avait permis de financer de curieux projets sans lien avec le G8 ou la fluidité aux douanes. Mais il ignorait tout de cette cellule, composée de maires et de membres du bureau du député Clement, qui décidait seule où dépenser ces importantes sommes.

Ensuite, des fonctionnaires ont été impliqués dans le processus... contrairement à ce qui a été dit au vérificateur. Les documents du NPD montrent bien que des employés d'Infrastructure Canada et d'Industrie Canada, qui relevait à l'époque de Tony Clement, ont participé à la fameuse cellule. Or aucun des hauts fonctionnaires interviewés par le VG n'a «été en mesure de fournir de l'information» à ce sujet. Tous ont affirmé ne pas avoir été «consultés pendant le processus».

En fin de compte, le bureau du vérificateur n'a eu accès à aucun document ou témoignage lui permettant de remplir son triple mandat: «examiner le processus suivi pour accorder des fonds», «déterminer comment celui-ci avait été établi» et «comment les projets avaient été choisis». Pire, les représentants de l'État lui ont donné une version des faits diamétralement opposée à celle qui émerge aujourd'hui.

Il est clair que le rapport du VG ne vaut pas le papier sur lequel il a été imprimé et doit donc être repris à zéro. Sans bâtons dans les roues cette fois.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion