Devant la menace du couperet, la Fédération des commissions scolaires fait son mea culpa. À genoux, les mains jointes, sa présidente implore ses détracteurs de lui laisser la vie sauve.

«On a compris, a confessé Josée Bouchard, dimanche. On sent qu'il faut changer nos façons de faire, nos façons de travailler, notre façon de demander et de rendre des comptes.» Elle a promis un plan d'action dès octobre dans le but de renforcer la démocratie scolaire, la gouvernance et la gestion des commissions scolaires.

Mais c'est malheureusement trop peu, trop tard. Trop peu par rapport à l'ampleur des maux qui affligent ces multiples bureaucraties enrayées. Trop tard pour croire à l'authenticité et à la profondeur de cette soudaine remise en question.

Depuis la salve lancée en 2006 par Mario Dumont, la Fédération a en effet passé son temps à diaboliser ses opposants, à nier les problèmes et à rejeter l'ensemble des reproches qui lui ont été faits. Un ancien ministre de l'Éducation propose leur abolition? Il ne connait rien au milieu scolaire. Le vérificateur général critique leur gestion deux fois plutôt qu'une? Il souhaite alimenter le discours en faveur d'une privatisation des services publics...

D'une mentalité d'assiégés, on est ainsi passé à de pathétiques aveux d'incompétence, du jour au lendemain! Un changement de ton si brusque, en fait, qu'il ne peut déboucher qu'en de timides compressions et ajustements administratifs.

Or le problème est beaucoup plus profond, comme en atteste la montée en puissance de la grogne que suscitent les commissions scolaires depuis quatre ans. L'ADQ, les jeunes libéraux, le Parti vert, les directeurs d'école et la coalition Legault ont tous, chacun à leur façon, exigé la tête des commissaires parce qu'ils ne les jugeaient plus utiles, tout simplement.

Bien difficile, dans ce contexte, de croire que ces derniers pourront se racheter avec une simple réorganisation interne concoctée en un tout petit mois à peine!

Il ne faut pas oublier que les commissions scolaires ont un double mandat: administratif et éducatif. Elles doivent offrir des services en matière de ressources humaines, matérielles et financières; et elles doivent parallèlement assurer des services éducatifs au primaire et au secondaire, notamment.

Mais qui fait aujourd'hui le lien entre la réussite des élèves et le travail des commissions scolaires? Qui croit encore que les ressources mises à la disposition des commissaires peuvent avoir un impact sur les taux de décrochage? Certainement pas les Québécois qui boudent les élections scolaires aux quatre ans (92% en 2007) ...

Un grand ménage s'impose donc, une réorganisation à la fois des structures et de la démocratie scolaire, en panne évidente de légitimité. On n'en est plus à se demander si le transport scolaire coûte trop cher, mais bien s'il est pertinent de maintenir en place cette institution, ou du moins le rôle pédagogique qui lui est dévolu.

L'heure n'est donc plus aux ajustements, mais à la disparition des commissions scolaires telles qu'on les connaît.

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