Le gouvernement veut consacrer 50% du territoire du Plan Nord à des activités non industrielles, un engagement qu'il précisera cet automne à la suite d'une série de consultations publiques.

Le gouvernement veut consacrer 50% du territoire du Plan Nord à des activités non industrielles, un engagement qu'il précisera cet automne à la suite d'une série de consultations publiques.

Le geste est louable, mais comme le Plan Nord dans son ensemble, il est encore trop peu détaillé pour être salué.

Il est vrai que l'intention maintes fois répétée par le premier ministre Charest depuis 2008 se précise tranquillement. L'objectif, d'ici 2015, est de faire passer la portion d'aires protégées dans le Grand Nord de 9,7% à 12% du territoire. Puis d'ajouter 5% de zones mises en réserve d'ici 2020. Pour enfin atteindre un taux de 50% de «protection» en 2035.

C'est bien. Mais malgré les 50 pages (très aérées!) du document de consultation dévoilé hier par le ministre Pierre Arcand, trois questions fondamentales demeurent sans réponse: où, quand, et comment?

Où? -- D'abord, il faut que le gouvernement identifie les secteurs à haute valeur écologique, ces réservoirs vitaux pour la biodiversité qu'il importe de protéger. Après tout, les activités minières, forestières et énergétiques auraient-elles tous les droits qu'elles ne réussiraient jamais à couvrir la moitié de cet immense territoire (les mines occupent 0,03% du Nord...). Rien de plus facile, donc, que de soustraire à l'activité industrielle le reste du territoire où l'on ne ferait aucune exploitation de toute façon...

Quand? -- Ensuite, Québec devra préciser l'échéancier de la conservation à la lumière de l'échéancier de l'extraction. On peut bien espérer atteindre une cible de conservation en 2035, mais si l'exploitation industrielle se fait à un rythme beaucoup plus rapide, cela revient à protéger les terres que l'industrie a décidé d'ignorer. Or une aire protégée n'est pas une aire résiduelle.

Comment? -- En coupant le Grand Nord en deux, Jean Charest a confié la moitié du territoire au ministre de l'Environnement, l'autre à la ministre des Ressources naturelles. L'un protège, l'autre exploite. Mais l'un ne doit pas devenir la caution verte de l'autre, et ainsi permettre une exploitation aveugle sans souci pour l'environnement.

Certes, Québec pimente tous ses discours de «développement durable», mais rappelons-nous que la commission Coulombe, le vérificateur général, le BAPE et le commissaire au développement durable ont TOUS reproché au ministère des Ressources naturelles d'avoir carrément oublié son mandat de conservation ces dernières années. Il lui serait donc facile de continuer à s'en laver les mains, de céder cette responsabilité au ministère de l'Environnement comme il l'a toujours fait.

Or il importe de s'assurer que les deux ministres ne travaillent pas en vase clos, que les soucis de l'un sont respectés par l'autre, qu'il n'y ait pas à terme un Grand Nord vert... et un Grand Nord gris. D'où la nécessité de planifier la conservation et l'exploitation en même temps, avec le même sérieux et la même rigueur.

Bref, Québec doit nous dire où il s'en va avant de mettre le cap vers le nord.

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