Ils ont mis le feu à certains quartiers de Londres. Ils ont squatté la Puerta del sol à Madrid. Ils ont planté leurs tentes à Tel-Aviv, affronté la police à Athènes, pris d'assaut la Place Tahrir...

À n'en plus douter, les jeunes sont en colère outre-Atlantique.

Il est évidemment bien difficile de faire un lien entre des événements aussi disparates, entre une émeute déclenchée par un tir policier, un soulèvement populaire en réaction à des dérives totalitaires ou une réaction musclée contre un plan d'austérité.

Mais il existe néanmoins un point commun à tous ces événements: une immense difficulté, pour la génération montante, à prendre sa place.

En Espagne, en Israël, en Grèce, en Égypte et dans les chauds quartiers de la capitale britannique, les moins de 25 ans souffrent en effet d'une grande précarité. Une précarité alimentée par un marché du travail peu accueillant, un taux de chômage élevé, d'importantes inégalités, des revenus insuffisants...

Autant de difficultés que la crise économique a aggravées, et que le spectre d'une nouvelle récession menace de tirer encore plus vers le bas. Les jeunes sont souvent les premiers à perdre leur emploi, ils peinent à se faire valoir dans un marché plus compétitif, ils n'ont pas nécessairement l'expérience nécessaire pour décrocher les rares postes à pourvoir.

Les statistiques concernant les 15-24 ans parlent d'elles-mêmes. En Espagne, plus de 44% d'entre eux sont sans emploi, alors que le taux de chômage global y est de 20%. En Grèce, c'est 39%, contre 16% pour l'ensemble de la population. En Italie, 28% contre 8%. Et au Portugal, 21% comparativement à 12%.

Certes, il est tentant de balayer ces données du revers de la main sous prétexte que les temps sont durs pour tout le monde. Mais ce serait oublier les conséquences permanentes que le chômage précoce peut entraîner, tant pour les jeunes que pour les sociétés qui les abritent.

Les études montrent que la simple expérience du chômage avant 25 ans augmente les risques de chômage plus tard, en plus d'avoir un effet à la baisse sur les revenus et les perspectives d'emploi, tout au long de la vie. Les jeunes qui peinent à faire leur place ont ainsi plus de chance de devenir oisifs, découragés, colériques... indignés.

Il ne s'agit donc pas d'un problème ponctuel ou cyclique, comme on pourrait le croire de prime abord, mais bien du risque qu'une génération entière soit sacrifiée, ce qui représenterait des coûts sociaux et économiques considérables, à très long terme.

La récession qui menace nous oblige tous à garder le nez collé sur les cours de la Bourse, à exiger des solutions immédiates, une sortie rapide de la crise. Mais les manifestations qui ont secoué les capitales européennes nous rappellent, au même titre que la crise de la dette publique d'ailleurs, qu'on ne peut se contenter, cette fois, de pelleter le problème dans la cour des autres générations.

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