En moins de 10 ans au Québec, le vélo est passé de jouet du dimanche à moyen de transport. S'ils n'en sont pas les uniques responsables, la Ville de Montréal et le gouvernement y sont pour beaucoup.

Il y a évidemment une tendance vers la bicyclette utilitaire un peu partout en Occident depuis le tournant du millénaire. Difficile donc de savoir lequel précède l'autre: les cyclistes ou les aménagements cyclables.

Il n'en reste pas moins qu'il y a eu un moment charnière, une année à partir de laquelle l'approche a complètement changé, à Montréal et ailleurs au Québec: 2004, l'année où l'administration Tremblay a déposé un plan d'urbanisme qui prenait résolument le virage du vélo comme moyen de transport.

La chose avait déjà été évoquée avant, mais jamais avec une telle détermination. Comme en ont témoigné les gestes qui ont suivi: le déploiement des bandes cyclables (2005), l'inauguration de la Route verte (2007), l'implantation d'un lien au centre-ville (2007), la Politique québécoise sur le vélo (2008), le Plan de transport de Montréal (2008) et le BIXI (2009).

C'est en grande partie à ces efforts politiques que l'on doit les statistiques de L'état du vélo 2010, dévoilées jeudi. Dans la métropole, les «cyclistes utilitaires» ont plus que doublé en 10 ans, passant de 25% à 53%. Un constat, toute proportion gardée, que l'on fait aussi à Victoriaville, Rimouski et dans d'autres villes de taille moyenne, grâce à la Route verte.

Les chiffres peuvent sembler étonnant dans une période de diminution de l'activité physique, mais ils suivent une logique que Vélo Québec résume par ce slogan: «If you build it, they will come.»

Au cours des dernières années, Montréal a en effet ajouté 160 km à son réseau cyclable qui en compte aujourd'hui 530 km. Au Québec, le réseau a carrément doublé pour atteindre 9000 km. Des infrastructures qui ont le mérite de s'attaquer à l'insécurité, premier facteur dissuasif à la pratique du vélo urbain.

Tout n'est pas parfait, on s'entend. Montréal ne respecte pas toujours la cadence de 50 km additionnels qu'il s'est imposé, le réseau blanc (qui devait permettre d'accéder aux pistes l'hiver) a fait chou blanc, les autobus ne sont pas équipés de supports à vélos, les heures d'accès au métro sont restreintes et les enfants sont de moins en moins nombreux sur leur bécane.

Mais on serait bien malvenu de cracher dans la soupe tant les gestes des dernières années ont été nombreux en comparaison avec ce qui prévalait auparavant. Rappelons-nous que le réseau cyclable de Montréal n'a eu droit à aucun investissement majeur entre 1992 et 2004. Et que la timide politique québécoise sur le vélo n'a permis, entre 1995 et 2005, que l'aménagement de passerelles et l'asphaltage de quelques accotements...

Il n'y a donc pas de gêne à lever son casque à ce virage salutaire en ce week-end de la Féria du vélo.

francois.cardinal@lapresse.ca

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