Le retour des Bixi dans les rues de Montréal a fait moins sourire que l'an dernier, à pareille date. L'enthousiasme, cette fois, a laissé place à un vif mécontentement provoqué par l'apparition de publicités sur les garde-boue des vélos en libre-service.

Le retour des Bixi dans les rues de Montréal a fait moins sourire que l'an dernier, à pareille date. L'enthousiasme, cette fois, a laissé place à un vif mécontentement provoqué par l'apparition de publicités sur les garde-boue des vélos en libre-service.

Cette incursion commerciale a été dénoncée sur les réseaux sociaux, des groupes Facebook ont été créés, certains clients ont annoncé leur intention de résilier leur abonnement, d'autres ont opté pour le vandalisme...

On n'avait pas vu pareil mécontentement depuis... le dévoilement de la grille tarifaire du Bixi!

On s'était en effet déchiré la chemise en 2009, rappelons-nous, parce que le prix de l'abonnement était jugé excessif. Et on se la déchire à nouveau aujourd'hui parce qu'on juge les publicités abusives. Bref, on se plaint quand on fouille dans nos poches, et on se plaint tout autant quand on tente d'éviter de le faire.

Or pour que le Bixi existe, il doit être populaire; pour qu'il soit populaire, il doit être très étendu; et pour qu'il soit étendu, quelqu'un quelque part doit payer.

C'est vrai dans toutes les villes où roulent des Bixi, mais ce l'est encore plus à Montréal, une ville de taille moyenne qui n'a ni la population de Londres, ni la densité de Melbourne, ni la richesse de Toronto. Et pourtant, on y trouve le même nombre de stations qu'à Londres (400), 10 fois plus de vélos qu'à Melbourne (5000 contre 600) et un abonnement plus avantageux qu'à Toronto (78$ plutôt que 95$).

En outre, le réseau montréalais, déjà vaste, prend de l'ampleur cette année. La Société de vélo en libre-service installera en effet un millier de points d'ancrage supplémentaires, en plus de desservir trois nouveaux arrondissements. Elle offrira une durée de location prolongée. Et elle améliorera le service de redistribution des vélos sur le territoire.

Le tout, sans toucher aux tarifs, sans même les indexer à la TVQ qui a gagné un point depuis la saison dernière!

Les pubs de Telus et Desjardins (à des années-lumière du placardage commercial envisagé dans le métro) ne sont donc pas autant une agression qu'une mesure de saine gestion, qui minimise les risques financiers pour l'ensemble des contribuables. Car fait peu connu, Stationnement de Montréal a transféré ces derniers mois les états financiers de Bixi à la Ville - donc à tous les contribuables.

Or Bixi est encore et toujours une aventure risquée. Il est vrai que pour l'heure, les ventes à l'étranger épongent le déficit d'opération de 7 millions de dollars. Mais personne ne sait ce que l'avenir réserve au Bixi, si d'autres villes s'y intéresseront, si les abonnés continueront de croître.

La pérennité d'un tel système, qu'on le veuille ou non, a un coût. Un coût qui doit être assumé soit par les usagers, soit par les contribuables... soit par les annonceurs. Dans un contexte où les taxes et tarifs sont quotidiennement conspués, la dernière option s'imposait d'elle-même.

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