S'il y a un endroit au monde où le développement du transport électrique est indiqué, c'est bien au Québec, où le pétrole étranger, chèrement payé, pourrait être remplacé par de l'énergie propre et renouvelable.

Mais pour qu'une telle chose survienne, un virage majeur est nécessaire pour revoir nos habitudes, nos infrastructures et notre parc automobile. D'où le plan d'action dévoilé jeudi par le gouvernement Charest.

On y retrouve des rabais à l'achat d'auto électrique, de l'aide pour les organismes de transport, des fonds pour la recherche et développement ainsi que la création d'une nouvelle plaque d'immatriculation verte. Le tout, afin qu'un véhicule vendu sur quatre soit électrique en 2020.

Certains trouvent le plan ambitieux, d'autres qu'il manque d'envergure. On devise sur la hauteur des subventions, la vitesse avec laquelle on déploiera les bornes de recharge, le réalisme des cibles, etc.

Mais dans le fond, l'important n'est-il pas simplement que le gouvernement soit dans le coup?

Il est ici question d'une industrie balbutiante, d'un marché que les élus ne contrôlent pas, d'une filière dont personne ne peu prédire l'avenir. Et surtout, d'une activité commerciale qui n'a plus aucune frontière.

Le Québec, hélas, est à la remorque d'une locomotive: il ne peut amorcer le virage, seulement le suivre.

Le plus grand mérite du plan d'action est donc... l'existence du plan d'action. Son dépôt contribue en effet à l'électrification de l'industrie automobile, au même titre que les plans japonais, français, chinois, américain, etc.

Pourrait-il être plus audacieux? Certainement! Si la hauteur du rabais consenti se compare à ce qui se fait ailleurs, le nombre d'acheteurs qui pourront s'en prévaloir est ridiculement faible. L'idée de diminuer le montant chaque année dès 2013 est absurde. Et beaucoup trop d'éléments du plan sont flous, sans échéancier.

Soyons réalistes. Les premières voitures électriques sortiront au compte-gouttes. Leur prix en rebutera plus d'un, ici comme ailleurs. L'industrie n'évoluera donc qu'au rythme dicté par les consommateurs de l'ensemble de l'Amérique du Nord.

Il est clair que le Québec, où les modèles électriques n'ont eu la faveur que de 0,01% des acheteurs cette année, ne peut provoquer la révolution à lui seul. Il ne peut même pas la précéder. Déployer des bornes de recharge à l'échelle de la province dès demain, sans savoir à quelle vitesse se développera la filière, serait en effet suicidaire. Mais il doit être prêt, en revanche, à le faire après-demain.

L'important est donc de se positionner, de s'assurer qu'Hydro-Québec joue un rôle proactif, d'encourager l'innovation locale, de multiplier les partenaires privés et d'aider les consommateurs à encourager le déploiement de cette nouvelle technologie.

Autant de choses que le plan d'action permet, par sa seule existence. L'important est l'intention, pour l'heure, bien plus que ses modalités d'application.

francois.cardinal@lapresse.ca

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion