Il semble maintenant évident que le pont Champlain, s'il ne s'écroule de lui-même, devra être démoli au profit d'un nouveau lien entre Montréal et la Rive-Sud, comme le réclamera la coalition Champlain cet après-midi.

Le défi sera épique, la facture salée et les désagréments, considérables.

On peut voir cela comme un problème, le pelleter en avant comme l'ont fait les conservateurs. Mais on peut aussi voir là une occasion unique de transformer la mobilité dans la région métropolitaine.

Cet énorme chantier en devenir -à l'horizon 2020- nous permet en effet d'envisager dès aujourd'hui la ville de demain, de réfléchir à la façon optimale d'imbriquer les pièces du casse-tête que sont Turcot, Bonaventure, Champlain ainsi que les autoroutes 25 et 30.

Première chose à faire: s'avouer que les problèmes de congestion seront monstrueux et ce, peu importe si le pont tient debout jusqu'à la fin des travaux. Il faut donc d'ores et déjà prévoir une solution de remplacement qui ne peut qu'être collective.

À l'instar de ce qui a été déployé à la suite de l'effondrement du viaduc du Souvenir, il faut miser sur les moyens de transport peu coûteux et rapidement réalisables. Il faut, au cours des cinq prochaines années, étendre de façon importante les voies réservées comme souhaite le faire l'AMT, multiplier les mesures préférentielles aux feux de circulation et ajouter de nombreux circuits d'autobus reliant l'île à la Rive-Sud.

Ce faisant, on créera une solution immédiate pour les banlieusards qui veulent éviter les affres des travaux à venir. Mais on mettra aussi la table pour les futurs péages dont l'implantation deviendra peu à peu inévitable. Et pas que sur Champlain.

On le voit avec l'autoroute 25, on le verra avec la 30, puis avec le futur pont. Cela, éventuellement, obligera les autorités à revoir la tarification du réseau pour éviter «les couches superposées de péage», comme l'a souligné le président de la Chambre de commerce de Montréal, Michel Leblanc.

L'occasion est donc parfaite pour implanter le péage régional aux heures de pointe, sur l'ensemble des ponts, afin de réduire le nombre d'autos et de rendre le financement plus équitable.

Mais pour ce faire, pour accroître l'acceptabilité sociale, il faut non seulement développer une solution de remplacement en transports collectifs, mais aussi consacrer les fonds recueillis à l'entretien des routes. Les sommes ainsi dégagées pourront être réaffectées aux transports en commun.

Dernier point, l'ensemble des ponts gérés par le fédéral devrait, pour des raisons évidentes d'autonomie et de simplification des structures, être transféré à Québec, avec une compensation à l'avenant. La province n'en voulait pas jusqu'ici, mais la construction d'un nouveau pont change complètement la donne.

Il s'agit là d'un défi majeur. Mais le grand avantage de la reconstruction du pont Champlain, c'est qu'il nous permet de voir venir. À condition de s'y mettre tout de suite.

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