Les hommes se font rares dans l'enseignement. Le sujet revient épisodiquement dans l'actualité, les ministres de l'Éducation promettent successivement de s'y attaquer, et pourtant, le problème, loin de se résorber, s'aggrave chaque année. Si bien qu'à l'école publique aujourd'hui, sur 100 enseignants, à peine une vingtaine sont des hommes. Au primaire, ils ne sont qu'une douzaine.

Les hommes se font rares dans l'enseignement. Le sujet revient épisodiquement dans l'actualité, les ministres de l'Éducation promettent successivement de s'y attaquer, et pourtant, le problème, loin de se résorber, s'aggrave chaque année. Si bien qu'à l'école publique aujourd'hui, sur 100 enseignants, à peine une vingtaine sont des hommes. Au primaire, ils ne sont qu'une douzaine.

D'où la suggestion d'accorder aux hommes la priorité lors de l'embauche, formulée vendredi par Égide Royer, professeur en adaptation scolaire à l'Université Laval. La suggestion peut séduire. Mais à l'analyse, on constate que ce remède pourrait créer des effets secondaires plus importants que le mal qu'il veut enrayer.

En effet, en accordant un avantage à un bassin très restreint de candidats, on ouvre la porte à un nivellement par le bas en faveur des hommes les plus faibles. Un phénomène qui pourrait même s'accélérer si certaines femmes, qui trouvent déjà difficile d'obtenir leur permanence, réagissaient à cette discrimination en quittant la profession.

Pour accroître le nombre de profs masculins, mieux vaut donc agir en amont: dans les facultés des sciences de l'éducation, peuplées à près de 94% d'étudiantes. C'est à l'université, d'abord et avant tout, qu'il faut intervenir pour qu'ensuite l'embauche au mérite résulte en une plus grande équité.

Il faut ainsi multiplier les incitatifs, les campagnes de recrutement ciblées et les mesures d'encouragement. Mais plus encore, il faut convaincre les hommes - tous les hommes - de valoriser l'éducation, et par le fait même la profession qui la sous-tend.

À l'école, les profs masculins sont bien conscients que leur nombre limité, s'il n'est pas responsable du décrochage des garçons, y participe indirectement. Il serait pertinent qu'ils le fassent valoir, qu'ils s'organisent, qu'ils envoient des représentants dans les cégeps et les universités, afin de montrer aux étudiants que ce métier attire aussi des hommes passionnés.

À la maison, les pères peuvent aussi jouer un rôle, s'intéresser au cheminement scolaire de leurs enfants dès le primaire, s'impliquer davantage dans les devoirs, se tailler une place au conseil d'établissement et assister aux rencontres avec les professeurs, afin de montrer que l'école n'est pas qu'affaire de femmes.

Voilà des gestes qui rendent concrets ces solutions fourre-tout que sont la «valorisation de l'éducation» et la «reconnaissance sociale de l'enseignement», des éléments sans lesquels, il est vrai, on ne peut espérer attirer les hommes.

Le comité de travail sur la question, qu'a réactivé la ministre Beauchamp la semaine dernière, aura à trouver des solutions pour des problèmes précis, comme les conditions de travail et la crainte grandissante des enseignants de se retrouver seuls avec des élèves. Mais d'ores et déjà, on peut affirmer qu'elles ne seront jamais aussi efficaces qu'avec le concours des hommes qui entourent les enfants au quotidien.

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