L'école est-elle devenue trop prudente avec nos enfants?

La question se pose au lendemain d'une tempête de neige qui, sans être exceptionnelle dans la région métropolitaine, a néanmoins forcé la fermeture d'une dizaine d'établissements scolaires dans l'île, d'une centaine dans Lanaudière et de plus de 300 d'entre eux en Montérégie.

Les transporteurs scolaires ont évidemment leur part de responsabilité dans ces fermetures en série, mais ce sont les commissions scolaires qui, ultimement, décident de clouer les autobus jaunes au garage même si les autobus municipaux, eux, roulent tout à fait normalement.

On ne peut évidemment s'opposer à la prévoyance la plus élémentaire, encore moins lorsque la sécurité de nos enfants est en cause. Mais ces dernières années, les commissions scolaires semblent avoir franchi le seuil de la simple prévention au profit de la précaution mur à mur.

En ce sens, elles ne sont pas différentes de l'école dans son ensemble, des directions, des professeurs et des éducateurs qui, chacun à sa manière, semble vouloir appliquer le «principe de précaution» au quotidien des élèves...

Pensons à cette école des Cantons-de-l'Est qui oblige désormais les élèves à dîner dans le silence pour éviter des maux de tête aux plus sensibles. À cette école qui a abandonné un projet d'agora en pierres par crainte qu'un enfant se blesse en tombant de l'une d'elles. Ou encore à cet établissement qui a mis une croix sur le verdissement de la cour le jour où l'on a évoqué la possibilité qu'un pédophile se cache derrière un arbre...

Le mot d'ordre: tolérance zéro pour un risque zéro.

On disait jadis «sois prudent» à l'enfant qui grimpait sur une montagne de neige dans la cour d'école, on lui interdit carrément de le faire aujourd'hui. On l'empêche de jouer dehors quand le mercure tombe sous les - 10°, on lui interdit de lancer de la neige, on l'empêche de se «chamailler»... Et on ferme les portes de son école dès la première accumulation de neige un tant soit peu menaçante.

Curieux messages que l'on transmet à nos enfants... qu'il ne nous reste plus qu'à recouvrir de papier bulle pour s'assurer qu'il ne leur arrive strictement rien, jamais.

Remarquez, la fermeture des écoles se justifiait peut-être en pleine zone rurale, hier, voire dans la région de Sherbrooke où il est tombé 60 cm de neige. Mais dans la région de Montréal, où il y en a eu quatre fois moins, elle semble avoir davantage relevé d'un automatisme que d'une décision éclairée.

Il n'y a pas là scandale, entendons-nous, mais simplement matière à réflexion autour de cette tendance à vouloir étendre le risque zéro à toutes les facettes de la vie de nos enfants, certainement la génération la plus supervisée de l'histoire.

La solution, bien évidemment, n'est pas de renverser la vapeur en mettant la vie des élèves en danger, mais de se demander un peu plus souvent peut-être si la menace appréhendée est réelle ou illusoire.

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