Valoriser l'éducation. Voilà la solution la plus souvent évoquée lors des Journées de la persévérance scolaire, qui ont eu lieu cette semaine au Québec. Mais qu'entend-on, au juste, par cette «nécessaire valorisation»?

Valoriser l'éducation. Voilà la solution la plus souvent évoquée lors des Journées de la persévérance scolaire, qui ont eu lieu cette semaine au Québec. Mais qu'entend-on, au juste, par cette «nécessaire valorisation»?

Pour bien des gens, cela signifie une hausse des dépenses du gouvernement, une multiplication des campagnes de sensibilisation et des stratégies politiques. À problème national, réponse nationale.

Or n'est-ce pas plutôt l'inverse? La valorisation collective de l'éducation ne doit-elle pas émaner d'abord de la société, des familles, des citoyens, pour ensuite être canalisée par l'État? Ne doit-on pas s'impliquer, s'investir, s'engager pour faire de l'éducation une priorité collective, plutôt que de se contenter d'exiger qu'elle le soit?

Bref, ne faut-il pas «dégouvernementaliser» l'éducation?

Un pas a été fait en ce sens avec la mise sur pied du Groupe d'action sur la persévérance et la réussite scolaires, par le banquier Jacques Ménard. Avec succès. En moins de trois ans, celui-ci a réussi à rallier un membre de la société civile qui tardait à embarquer, la communauté d'affaires.

La Fédération des chambres de commerce a demandé à ses membres de limiter le nombre d'heures de travail des jeunes pendant l'année scolaire. Des entreprises comme Gaz Métro, Rio Tinto Alcan et Bombardier ont mis sur pied des programmes, des projets et des lieux d'apprentissages dans le but de raccrocher les élèves. Tranquillement, la prise de conscience se concrétise.

Prochaine étape: la mobilisation citoyenne. Car pour l'heure, il en va du décrochage comme de la fibrose kystique dans la population, on ne se sent pas concerné tant qu'on n'est pas touché. On laisse ce chantier national au «milieu», aux «forces vives» et aux fonctionnaires.

Signe de cette déresponsabilisation, ce sondage réalisé pour le rapport Gervais, en 2005, qui révélait que 81% des Québécois estimaient extrêmement important d'assurer une bonne connaissance de la lecture, de l'écriture et des mathématiques. Au Canada, où l'appui de la «communauté» est acquis, le taux dépasse les 94%...

Il faut donc faire de la réussite scolaire le discours dominant, encourager les jeunes chaque jour, s'intéresser sans relâche à leurs études et à leur formation, s'impliquer au conseil d'établissement ou dans un organisme parascolaire, s'offrir comme mentor ou accompagnateur, etc.

La Fondation Chagnon s'y affaire déjà, de concert avec le Groupe Ménard, mais il faut redoubler d'ardeur pour convaincre parents, élus et groupes communautaires que leur voix compte, que leurs réflexions sont les bienvenues, que leur implication peut tirer le taux de diplomation vers le haut, comme l'a prouvé le Saguenay ces dernières années.

Les experts et les investissements gouvernementaux sont certes importants, mais ils ne suffisent pas pour diminuer le taux de décrochage, inchangé depuis 20 ans. L'engagement de tous est essentiel.

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