Des grognements de protestation se font entendre un peu partout. Aux États-Unis, où le président a eu droit à une véritable «raclée». À Toronto, où un populiste a été élu pour faire le ménage. En Colombie-Britannique, où le premier ministre s'est fait montrer la porte.

Des grognements de protestation se font entendre un peu partout. Aux États-Unis, où le président a eu droit à une véritable «raclée». À Toronto, où un populiste a été élu pour faire le ménage. En Colombie-Britannique, où le premier ministre s'est fait montrer la porte.

Et bientôt à Montréal, si le maire Tremblay impose une nouvelle taxe aux propriétaires de véhicules sans tirer de leçons de ce vent de protestation.

Il y a évidemment d'énormes différences entre la colère exprimée par le Tea Party, les partisans de Rob Ford et les électeurs de Colombie-Britannique. Mais il y a aussi trois éléments communs à cet emportement.

D'abord, MM. Obama et Campbell, tout comme l'ancien maire de Toronto David Miller, font partie de cette élite prétendument déconnectée du bon peuple que l'on aime conspuer. Enfermés dans leur bureau, ils sont perçus comme des technocrates qui dirigent sans égard pour la classe moyenne.

Ensuite, ces dirigeants donnent l'impression d'avoir la taxation et la dépense faciles, une habitude dont les contribuables cherchent le fruit et la pertinence, sans succès. Dans l'Ouest, on ne comprend pas cette fusion des taxes de vente, pourtant rejetée en campagne électorale. À Washington, on s'interroge sur les résultats concrets des milliards dépensés pour la relance. Et à Toronto, on a l'impression qu'artistes et cyclistes sont seuls à profiter des récentes ponctions fiscales.

Enfin, le mécontentement que l'on observe un peu partout tire son origine d'une impression largement partagée: celle d'être constamment placé devant un fait accompli. Un sentiment d'autant plus désagréable, pour bien des gens, qu'ils ont fini par se convaincre que les hausses de taxes se font contre eux, non pas pour eux.

Pour éviter que toute cette grogne ne se propage à Montréal, le maire Tremblay devra naviguer autour de ces écueils. Et la meilleure façon d'y arriver est en renouant avec la pédagogie et la proximité.

Voilà ce qu'Obama et Campbell, de leur propre aveu, ont négligé ces dernières années: expliquer publiquement leur démarche, démontrer le pourquoi de leurs décisions sur le terrain, justifier toute nouvelle taxation et dépense dans le détail et les inscrire dans un plan plus large.

Gérald Tremblay a fait un pas en ce sens, hier, en réagissant à la publication de ses intentions dans La Presse. C'est bien. Mais le maire aurait été plus avisé encore de précéder le coulage, de s'adresser aux Montréalais de lui-même.

En effet, s'il ne veut pas, à son tour, subir les foudres de l'électorat avec cette nécessaire taxe sur l'immatriculation, M. Tremblay devra mieux expliquer l'intenable situation financière de l'île depuis 20 ans, énumérer ses priorités et détailler ses plans à court et long termes pour débloquer Montréal.

Bref, il devra prendre son bâton de pèlerin, remisé depuis trop longtemps, pour expliquer pourquoi il a cruellement besoin de cet argent et surtout, comment il compte la dépenser.

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