Tel un condamné à mort qui se convertit au christianisme, Stephen Harper a prêté serment à l'ONU un peu tard pour convaincre...

Tel un condamné à mort qui se convertit au christianisme, Stephen Harper a prêté serment à l'ONU un peu tard pour convaincre...

Obligé de se retirer de la course au Conseil de sécurité dans le déshonneur, hier, le Canada aura prouvé que ni les pieux discours ni la distribution tardive de bonbons ne peuvent annuler des années d'intransigeance, de désintérêt et d'obstruction.

Les appels à l'unité, formulés le mois dernier à New York, n'auront tout simplement pas réussi à faire oublier la politique de la chaise vide de Stephen Harper, son dos tourné à l'Afrique, son appui entêté à Israël et ses tentatives de déraillement de Kyoto, ce vulgaire «complot socialiste»...

Malgré tous ses défauts, l'Organisation des Nations unies est encore aujourd'hui le lieu de l'action commune, de la coopération et des compromis. Autant de choses inconnues des conservateurs, comme l'a d'ailleurs prouvée de manière éclatante cette course avortée au siège temporaire.

Polarisant, pugnace à l'excès depuis son accession au pouvoir, le gouvernement Harper s'est permis une fulgurante volte-face ces derniers mois. Il s'est soudainement montré digne, il a adouci le ton et il a tendu la main à la communauté internationale, surtout aux pays du Sud.

Pour éclipser le transfert de son aide internationale de l'Afrique à l'Amérique latine, il a versé 30 millions de dollars de plus à la lutte contre le sida et la malaria. Pour faire oublier le torpillage des pourparlers sur le climat, il a dévoilé pour 400 millions de projets verts dans les pays vulnérables. Et pour camoufler les attentes déçues des sommets du G8 et du G20, il a présenté un plan pour protéger les femmes en zones de guerre.

Bref, à la manière d'un George W. Bush au lendemain du 11-Septembre, Stephen Harper a cessé de snober l'ONU pour s'en faire le chantre... au moment où le besoin s'en est fait ressentir, violant ainsi l'idée même d'une solidarité internationale.

Puis, aussitôt la défaite annoncée, hier après-midi, le gouvernement a ressorti les gants de boxe pour attaquer de front les partis de l'opposition, sur qui il rejette la faute de l'échec! Prochaine étape : tourner le dos aux objectifs du Millénaire? Miner les négociations à Cancun?

Quoi qu'en disent les conservateurs, le Canada est devenu ces dernières années, aux yeux des délégations étrangères, un pays imprévisible et déroutant. Encore plus depuis que les alliés de droite du gouvernement Harper ont été chassés du pouvoir, aux États-Unis et en Australie, le laissant seul sur son île.

Il en résulte une diminution graduelle de l'influence du Canada, descente accélérée par la perte de pouvoir de l'ensemble des pays riches dans ce nouvel ordre mondial dicté par les pays émergents (notons d'ailleurs l'appui important du Brésil au Portugal, hier).

Ce faisant, l'échec du pays est non seulement une gifle diplomatique majeure et une humiliation pour tous les Canadiens, c'est aussi une preuve supplémentaire de son déclin inexorable sur la scène internationale.

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