Après avoir longtemps snobé les Nations unies, voilà que le gouvernement Harper se fait soudainement mielleux avec ses membres. Habituellement intransigeant, au mieux absent, il se montre tout à coup accommodant, impliqué, concerné.

Après avoir longtemps snobé les Nations unies, voilà que le gouvernement Harper se fait soudainement mielleux avec ses membres. Habituellement intransigeant, au mieux absent, il se montre tout à coup accommodant, impliqué, concerné.

Manifestement, les conservateurs sont en campagne électorale... pour l'obtention d'un siège temporaire au Conseil de sécurité de l'ONU.

Le premier ministre s'est ainsi rendu à New York, cette semaine, pour formuler non pas un mais deux discours en trois jours, après avoir été absent du lutrin pendant quatre ans !

Il ne lui serait évidemment pas venu à l'idée de visiter un Tim Hortons cette fois, comme il l'a fait l'an dernier pendant que son ministre s'adressait aux Sarkozy et Obama de ce monde (ce qui, pour la petite histoire, était plus honorable que le haut fonctionnaire dépêché l'année précédente...).

À trois semaines du vote visant à garnir les rangs du Conseil de sécurité, valait mieux éviter la chaise vide et, mieux encore, frapper un grand coup. D'où l'annonce d'une contribution supplémentaire à la lutte contre le sida.

Bien que cette élection ne fasse pas les manchettes, l'enjeu est de taille pour Ottawa, car trois pays concourent pour occuper l'un des deux sièges temporaires qui s'ouvrent pour 2011 et 2012: il y aura donc deux gagnants, mais un seul perdant.

L'Allemagne, troisième contributeur en importance, arrachera sans aucun doute le premier siège. Reste le second, qui opposera le Portugal au Canada. Les rumeurs laissent entendre que la lutte est serrée, mais tout porte à croire qu'Ottawa gagnera l'élection du 15 octobre prochain.

Malgré son attitude cavalière, le Canada profite en effet de sa réputation passée (dont M. Harper s'est d'ailleurs réclamé hier) et d'une répartition géographique favorable (le conseil permanent comptant déjà deux pays européens, il serait délicat de lui en greffer deux autres).

Le Canada, absent depuis 10 ans de l'organe exécutif de l'ONU, devrait donc y accéder de nouveau l'an prochain, comme le veut la tradition qui lui accorde un siège par décennie. Mais il s'agira, le cas échéant, d'une victoire par défaut.

Car à la lumière de son bilan, le pays ne mérite pas cette place au Saint des Saints.

Il compte certes quelques bons coups à son actif, mais ceux-ci sont annulés par de trop nombreux gestes délétères. Pensons à sa décision de tourner le dos à l'Afrique, à son vote contre les droits des peuples autochtones, à son appui coûte que coûte à Israël et à sa révision de l'aide étrangère.

Pensons à sa méfiance à l'endroit de la science internationale, à ses tentatives de faire dérailler les négociations sur le climat, à l'abandon de Kyoto et à sa position, plus largement, sur les changements climatiques, qui lui a valu les remontrances de Ban Ki-moon.

Mais ainsi va l'ONU, malgré cette piètre feuille de route, le Canada risque fort de remporter la victoire. Une victoire cependant, dont le gouvernement Harper ne pourra retirer ni gloire ni fierté.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion