Comme un membre de la famille qui aurait déçu une fois de trop, le Stade olympique laisse aujourd'hui les Montréalais indifférents. Certains réclament sa démolition, mais la majorité demeure impassible face au sort qui l'attend.

On ressort bien le Stade de son oubli à l'occasion, le temps d'un championnat de soccer ou de football, mais dans l'imaginaire collectif, il ne sert plus à grand-chose depuis la rupture de sa toiture en 1999.

Trop cher, trop gros, trop fragile. Tant qu'à y être, bouchons le trou une fois pour toutes et passons à autre chose...

C'est du moins ce que l'on s'apprêtait à faire en donnant le mandat à SNC-Lavalin d'installer une toiture fixe, condamnant le Stade à tourner le dos à de multiples événements sportifs et à devenir ainsi un banal centre de foires.

Or, cet héritage des Jeux olympiques, véritable chef-d'oeuvre d'ingénierie et d'architecture, mérite une dernière chance. Il mérite de retrouver ses lettres de noblesse, sa vocation initiale d'équipement sportif hors du commun. Ce que seul un toit rétractable permettrait.

La proposition du consortium EllisDon Dessau, déposée le mois dernier, justifie donc à elle seule le lancement d'un nouvel appel d'offres, même si elle n'est pas conforme à l'avis d'intention publié en juin dernier par la RIO.

Le jury, qui a maintenant 10 jours pour trancher sur la recevabilité de cette candidature, doit regarder plus loin que les exigences techniques douteuses énumérées dans l'avis d'intention, étant donné la portée définitive d'une telle décision.

Autrement dit, il ne peut pas faire semblant de ne pas avoir reçu une telle proposition, comme l'a souligné le cabinet de la ministre du Tourisme. Surtout que celle-ci est signée par deux entreprises solides qui, comme l'exige l'avis, possèdent l'expérience de projets d'envergure. Dessau est une firme qui a fait ses preuves et EllisDon compte à son actif rien de moins que le stade Rogers de Toronto.

Si on est capable de lancer un nouvel appel d'offres pour des voitures de métro dont l'assemblage est une urgence régionale, on est certainement capable de faire de même pour le toit du Stade, dont le remplacement peut attendre encore un moment.

Le rapport de la dernière inspection complète, déposé l'an dernier, démontre en effet que le Stade est «en bonne condition» et qu'il ne requiert que «quelques interventions normales pour un édifice de cet âge».

Nous avons collectivement payé pendant des décennies l'hypothèque de cette demeure sportive. Allons-nous la barricader maintenant que tous les paiements ont été faits? Allons-nous la condamner au moment où l'on tente d'accroître l'intérêt pour ce secteur de la métropole bientôt doté d'un Planétarium tout neuf?

Il serait quand même ironique que Québec allonge d'une main 175 millions de dollars pour doter la Vieille Capitale d'un amphithéâtre de grande envergure et que, de l'autre, il mette un couvercle définitif sur celui de Montréal.





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