Le gaz de schiste, on n'en veut pas. Le Plan nord, non plus. La centrale Gentilly devrait être fermée. L'uranium devrait rester sous terre. Et les éoliennes, à la limite, on peut bien en accepter quelques-unes... mais à condition qu'elles ne se retrouvent pas dans notre cour.

Le gaz de schiste, on n'en veut pas. Le Plan nord, non plus. La centrale Gentilly devrait être fermée. L'uranium devrait rester sous terre. Et les éoliennes, à la limite, on peut bien en accepter quelques-unes... mais à condition qu'elles ne se retrouvent pas dans notre cour.

Et pourtant, cela ne nous empêche pas de consommer toujours plus d'énergie, toujours plus d'électricité. Une consommation, d'ailleurs, que toutes les prévisions voient croître, encore et encore.

Que faire devant un tel paradoxe? Miser sur l'efficacité énergétique, entend-on sur toutes les tribunes.

C'est ce qu'ont réclamé dimanche les manifestants enduits de mélasse. C'est ce qu'exigent les 200 municipalités opposées à la réfection de Gentilly-2. C'est ce que suggérait hier le Réseau des ingénieurs du Québec.

Coup de chance! C'est aussi la priorité du gouvernement (priorité no 3 de la Stratégie énergétique 2006-2015), la priorité d'Hydro-Québec (orientation no 1 du Plan stratégique 2009-2013) et même la priorité des Québécois (défi énergétique no 1 selon une majorité des répondants à un sondage Senergis-Le Devoir diffusé mardi).

Tout le monde, partout dans la province, souhaite donc que l'on réduise la demande plutôt que d'augmenter l'offre.

Qu'attend-on pour bouger dans ce cas? Que l'État abandonne la carotte au profit du bâton, qu'il cesse de miser exclusivement sur les programmes incitatifs et ose enfin revoir les tarifs d'électricité à la hausse.

Au cours des dernières décennies, hélas, l'efficacité énergétique s'est résumée à quelques brochures en couleur invitant les citoyens à débrancher le vieux frigo qu'ils ont abandonné dans leur sous-sol.

Depuis 2003, il est vrai, Hydro-Québec a accéléré le pas. Elle compte même dépenser jusqu'à 3,5 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années afin de réduire la consommation de l'ensemble de ses clients de 6%.

C'est bien. Mais ce n'est pas suffisant si l'on se fie aux résultats obtenus en Ontario ces dernières années et aux propos entendus au Congrès mondial de l'énergie cette semaine. Les experts y ont affirmé qu'à elle seule, l'efficacité énergétique peut réduire la demande de 20% à 25%!

Mais pour ce faire, ont-ils ajouté du même souffle, il faut au moins deux choses: une tarification qui incite les clients à réduire leur consommation et des outils technologiques qui leur permettent de le faire.

Or le Québec refuse l'un et l'autre. Hydro-Québec ne prévoit pas remplacer les compteurs électromécaniques avant bien longtemps, en plus de s'opposer à l'imposition à tous ses clients d'un tarif modulé selon l'heure et la saison. Et le gouvernement, lui, ne prévoit qu'une «augmentation progressive» du coût de l'électricité patrimoniale à compter de 2014... de peur que les Québécois s'opposent à cela aussi!

Au prix dérisoire de l'électricité, on ne peut rêver qu'à de modestes objectifs de réduction de la consommation. Des objectifs, chose certaine, qui obligeront l'État à proposer d'autres projets énergétiques d'envergure à l'avenir.

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