L'écart se creuse entre sédentaires et actifs: les premiers bougent de moins en moins, les seconds, de plus en plus, comme le prouve cette année encore le marathon de Montréal, qui fêtera demain son 20e anniversaire.

Il y a bien eu dans le passé un plus grand nombre de personnes alignées au départ de l'épreuve de 42,2km. Mais jamais n'a-t-on vu une telle hausse de fréquentation d'une année à l'autre, jamais n'a-t-on vu autant de monde toutes catégories confondues.

En 2007, près de 1200 coureurs ont franchi le fil d'arrivée du marathon. En 2009, ils étaient 1800. Toujours en 2007, 2400 personnes ont parcouru la distance du demi-marathon. Deux ans plus tard, ils étaient 5000!

Et cette hausse, cette année encore, se poursuivra assurément puisque les inscriptions ont bondi de 46% depuis l'an dernier.

On n'a qu'à se promener dans les rues de Montréal aux aurores ou dans le Vieux-Port à l'heure du midi pour constater la popularité phénoménale de la course à pied. Une popularité, d'ailleurs, qui ne se limite pas à la région métropolitaine.

Dans le reste du Québec, au Canada anglais, en Europe et aux États-Unis, les coureurs se multiplient comme les ampoules sur le pied d'un athlète! Chez nos voisins du Sud, pas moins de 10 millions de passionnés ont terminé une course l'an dernier, ce qui s'est traduit par une hausse de 10% des inscriptions pour le marathon, de 24% pour le demi.

Même les ventes en kiosque de la revue Runner's World ont progressé l'an dernier, malgré l'effondrement de l'économie et la crise des magazines.

Qu'est-ce qui fait donc courir tout ce monde? Les avantages de la course à pied, d'abord : facile à pratiquer, peu dispendieuse et surtout, très accessible. Ce qui est encore plus vrai aujourd'hui que dans les belles années du jogging, puisqu'il n'est plus nécessaire de s'entraîner pour faire un marathon complet. On peut en effet, aujourd'hui, viser le 21km, le 10 ou le 5. Les enfants peuvent même parcourir 1 km...

À cela s'ajoutent l'intérêt grandissant des femmes et surtout, nos vies de fou. Quoi de plus apaisant et facile à caser dans son horaire qu'un petit jogging pratiqué n'importe où sans l'aide d'un objet de la taille d'un vélo

N'oublions pas, dans la liste, les efforts des autorités, souligne le kinésiologue de l'Université de Montréal François Lecot. Non seulement ont-elles réussi à jeter une lumière crue sur les dangers de la sédentarité et de l'embonpoint, elles ont aussi lancé certaines campagnes de sensibilisation plutôt efficaces, comme le défi 0-5-30 (0 tabac, 5 portions de fruits et légumes et 30 minutes d'activité physique, chaque jour).

Reste maintenant à convaincre les plus récalcitrants, ce qui ne sera pas une mince tâche si l'on se fie aux précédents enjeux de santé publique comme le port de la ceinture et le tabagisme, qui ont nécessité des campagnes autrement plus coercitives. Ce qui n'est pas souhaitable pour la course, bien évidemment.

Fions-nous plutôt à l'appel des chaussures de sport.

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