Bombardier boude. N'ayant pas reçu le contrat de renouvellement des voitures du métro de Montréal sur un plateau d'argent, l'entreprise menace même de ne pas soumissionner à l'appel d'offres international qui sera bientôt lancé.

Bombardier boude. N'ayant pas reçu le contrat de renouvellement des voitures du métro de Montréal sur un plateau d'argent, l'entreprise menace même de ne pas soumissionner à l'appel d'offres international qui sera bientôt lancé.

Curieuse réaction pour une entreprise qui s'enorgueillit de «son dynamisme entrepreneurial» dans ses documents corporatifs. «Chaque jour, va-t-elle même jusqu'à préciser, nous nous appliquons à mériter notre position de chef de file mondial en transport sur rail.»

Chaque jour, sauf ces jours-ci, pourrait-on ajouter.

L'attitude de Bombardier a quelque chose de détestable dans le contexte de cette saga dont elle ne peut nier une part de responsabilité. C'est évidemment le gouvernement Charest qui a forcé la STM à mettre une croix sur l'appel d'offres international qu'elle s'apprêtait à lancer en 2006. Mais c'est Bombardier, avec son partenaire Alstom, qui a torpillé à son tour le contrat deux ans plus tard.

Tout allait rondement lorsque les deux entreprises rivales ont accepté de travailler main dans la main... jusqu'à ce qu'elles exigent un prix exorbitant pour le contrat, prix qu'elles acceptaient de revoir à la baisse, selon la STM, seulement si le nombre de voitures à assembler était considérablement augmenté.

D'où l'avis d'intention international. D'où la manifestation d'intérêt du fabricant espagnol CAF. D'où le nouvel appel d'offres international qui sera lancé d'ici l'automne.

Plutôt que de ruminer son chagrin sur la place publique, Bombardier devrait retrousser ses manches et faire ce qu'elle fait chaque jour à l'échelle mondiale : élaborer la meilleure soumission possible, seule façon d'arracher ce juteux contrat de plus de 3 milliards de dollars.

Si aujourd'hui le Québec est si fier de cette entreprise née dans un garage de Valcourt, c'est qu'elle a su gagner sa place parmi les plus grandes. Comment? En méritant ses contrats, en remportant appel d'offres après appel d'offres, comme celui, d'ailleurs, qui lui a permis d'assembler dans les années 70 les voitures MR-73, actuellement en fonction dans le réseau montréalais.

À La Pocatière, justement, on prétend que le contrat de renouvellement de ces voitures revient de droit à Bombardier, car c'est elle qui les a construites. Le président du syndicat des travailleurs demande même au premier ministre de «sortir de ses vacances et d'intervenir» en ce sens.

Or non seulement il n'y avait aucune clause dans le contrat passé qui garantissait à cette entreprise les contrats du métro ad vitam aeternam, mais c'est l'intervention de Québec qui est à l'origine de tout ce gâchis.

S'il y a une intervention nécessaire à ce moment-ci, ce serait plutôt celle de la direction de Bombardier, qui devrait faire son mea culpa et retourner à sa table de travail pour montrer qu'elle est capable de battre CAF, pas seulement de la dénigrer.

Elle doit bien cela à ses employés, dont l'impatience, tout à fait compréhensible, est partagée par tous les usagers du transport en commun de la métropole.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion