Les premiers élèves 100% réforme terminent leurs études secondaires ces jours-ci. Prochaine étape, le cégep, où ils sont attendus avec beaucoup d'anxiété par les professeurs, une anxiété alimentée par des perceptions bien plus que par des faits.

Les premiers élèves 100% réforme terminent leurs études secondaires ces jours-ci. Prochaine étape, le cégep, où ils sont attendus avec beaucoup d'anxiété par les professeurs, une anxiété alimentée par des perceptions bien plus que par des faits.

Il est trop tôt pour dire de manière catégorique que cette génération est truffée de cancres sacrifiés sur l'autel du renouveau pédagogique, trop tôt pour conclure que «les élèves issus du renouveau pédagogique ne sont pas prêts à entrer au collégial», comme l'a fait la Fédération autonome de l'enseignement, qui déplore déjà «des milliers de victimes».

Rien de tangible ne permet en effet, pour l'instant, de condamner sans appel le renouveau. Pas plus que de l'encenser d'ailleurs.

Aucun bilan global du renouveau n'a été mené auprès des élèves. Les examens sont difficilement comparables d'une époque à l'autre. Les résultats des études internationales sont mitigés. Les conclusions du ministère de l'Éducation sont teintées de complaisance. Et celles des syndicats, d'aversion.

Le moindre résultat est ainsi récupéré et interprété par chacun, à la lumière de son appréciation de la réforme.

En témoigne par exemple le taux de réussite des élèves de sixième année aux examens de français. De 81% en 2006, il a chuté à 75% en 2009. Certains soutiennent qu'il s'agit d'une preuve supplémentaire des effets délétères de la réforme, qu'il faut abandonner dans les plus brefs délais. Tandis que le ministère souligne que les nouvelles exigences de correction, beaucoup plus sévères, masquent au contraire une nette amélioration des étudiants.

Que conclure de ces lectures diamétralement opposées de statistiques tout ce qu'il y a de plus objectives? Que ce n'est certainement pas sur la base de l'interprétation des uns et des autres qu'il importe de juger des fruits de la réforme, mais bien sûr celle d'un bilan exhaustif, qu'il reste à dresser.

Le rapport du Conseil supérieur de l'éducation sur la transition entre le secondaire et le collégial, dévoilé le mois dernier, est intéressant à ce titre. Brossant un portrait nuancé des étudiants qui entameront leurs années collégiales en septembre (élèves de la réforme certes, mais aussi élèves doués avec la technologie, élèves qui occupent un emploi, etc.), il invite les professeurs du collégial à braver les préjugés négatifs et à conserver une attitude d'ouverture à leur endroit.

La recommandation du Conseil a du bon dans ce contexte extrêmement émotif, tant pour les différentes parties prenantes au débat que pour les étudiants. N'oublions pas que ces derniers, aussi, auront à vivre une transition, d'un niveau à un autre, qui présente ses propres difficultés. N'en ajoutons pas en les stigmatisant avant même qu'ils aient franchi les portes du cégep.

Le débat sur la pertinence de la réforme, sur ses effets et sur une possible révision de celle-ci est toujours ouvert. Mais de grâce, attendons de voir les résultats des futurs collégiens avant de les traiter de cancres.

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