La mort d'un poupon broyé sous les crocs d'un husky n'a laissé personne indifférent cette semaine, pas plus que l'accusation d'homicide involontaire portée contre la mère de la victime.

La mort d'un poupon broyé sous les crocs d'un husky n'a laissé personne indifférent cette semaine, pas plus que l'accusation d'homicide involontaire portée contre la mère de la victime.

Plusieurs se sont émus de voir une mineure, brisée par le décès de son enfant, être ainsi traînée devant les tribunaux. On s'est surpris d'un tel traitement, rappelant que l'automobiliste ayant tué trois cyclistes le mois dernier n'avait pas été accusé de quoi que ce soit. Ou que le père d'un bambin oublié en auto, en 2003, n'avait finalement pas eu à faire face à la justice.

Pourtant, le décès de la petite fille de 21 jours n'a rien de comparable à ces histoires, bien qu'elles soient tout aussi tragiques.

Les usagers de la route, qu'ils soient à vélo ou en auto, décident de s'y engager en toute connaissance de causes. Un accident demeure donc un accident. Alors que le poupon, lui, n'a pas choisi d'être laissé au sol, en compagnie de chiens.

Quant au décès de l'enfant oublié dans une auto, il s'agit d'une distraction, aussi dramatique soit-elle. Tandis que dans le cas qui nous occupe, la mère, bien qu'elle n'ait pas songé aux conséquences de son geste, a laissé son bébé dans la maison tout à fait volontairement.

En fait, la seule tragédie comparable serait celle d'un enfant laissé sans surveillance avec une arme à feu. Un fusil traînant sur le sol est aussi dangereux pour un enfant laissé seul que deux chiens sans muselières, particulièrement des huskies, qualifiés de «crib snatchers» (croqueurs de berceaux) par l'association américaine des victimes de chiens, DogsBite.

Il y a donc clairement eu négligence, mais de là à accuser la mère d'homicide involontaire? La nature de la poursuite, bien qu'elle choque, se défend.

La question à se poser est celle-ci: la conséquence du geste était-elle prévisible, et donc criminelle? La réponse est oui, car tout comme on peut prévoir qu'une arme blessera, on peut prévoir qu'un enfant âgé de quelques jours, qui dégage une odeur peu familière, laissé sur le sol, là où tout objet déposé est aussitôt la propriété du chien de la maison, se fera attaquer en l'absence de toute surveillance.

La chose n'est pas certaine, pas même probable, mais elle est certainement prévisible. Parlez-en aux parents qui, malgré l'absence de tout danger potentiel, ne laissent même pas leur poupon seul quelques secondes - encore moins 20 minutes, comme ce fut le cas avec les huskies.

L'accusation d'homicide involontaire, basée sur l'incapacité de la mère «à fournir les choses nécessaires à l'existence» de son enfant, semble donc pleinement justifiée (sera-t-elle reconnue coupable, c'est une autre histoire...).

La Couronne a-t-elle réagi trop prestement en portant des accusations 24 heures après le drame? Les policiers ont-ils fait preuve de zèle en gardant la mère en détention jusqu'à sa comparution?

Peut-être, mais ne l'oublions pas, la victime de toute cette histoire n'est pas la mère, mais le poupon.

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