Dans son dernier budget, Québec a mis de côté 200 millions de dollars pour relier l'aéroport Trudeau au centre-ville. ADM promet d'en investir autant. Et Ottawa devrait emboîter le pas.

Dans son dernier budget, Québec a mis de côté 200 millions de dollars pour relier l'aéroport Trudeau au centre-ville. ADM promet d'en investir autant. Et Ottawa devrait emboîter le pas.

À Montréal? On continue, hélas, à se chicaner, cette fois sur le tracé de l'éventuelle navette ferroviaire.

Aéroport de Montréal (ADM) souhaite que le train longe l'autoroute 20 et s'arrête à la Gare centrale; l'Agence métropolitaine de transport (AMT) préfère qu'il suive le haut de la falaise Saint-Jacques et se stationne à la gare Lucien-L'Allier (adjacente à l'ancienne Gare Windsor).

La différence entre les deux scénarios est majeure, les implications de chacun d'entre eux aussi. L'AMT prétend en effet que son projet, le tracé «Lucien-L'Allier», recèle un potentiel qui dépasse largement celui d'une simple navette aéroportuaire.

L'Agence fait miroiter la construction d'un vaste complexe multimodal à un jet de pierre au sud du Centre Bell, ce qui ouvrirait un secteur qui en a bien besoin, tout en permettant la bonification du service de train de banlieue vers l'Ouest-de-l'Île, actuellement à pleine capacité.

Le promoteur Cadillac-Fairview y construirait un édifice dont la surface rivaliserait avec celle de la Place Ville-Marie. On y concentrerait la navette ferroviaire, les lignes de trains de banlieue Rigaud, Blainville et Delson, un nouveau terminus d'autobus, un éventuel train léger sur rail provenant de la banlieue, un arrêt pour le tramway Peel et potentiellement, les trains d'Amtrak arrivant des États-Unis.

Très impressionnant... si l'on passe sous silence le plus gros défaut de tous ces projets: ils se conjuguent tous au conditionnel.

La Gare Lucien-L'Allier sera ô combien merveilleuse... si Cadillac-Fairview construit son complexe, si le tramway Peel voit le jour, si un lien ferroviaire vers la Rive-Sud est implanté, si Griffintown se développe, si on trouve une nouvelle vocation au Planétarium Dow, si le campus de l'École de technologie supérieure s'étend, si, si, si...

Et surtout, si le maire Tremblay décide de se faire le porteur d'une telle vision, ce qui, à la lumière de son bilan, est hautement improbable.

En revanche, le tracé «Gare centrale» est un projet à toutes fins utiles ficelé. Et surtout, éminemment central. En tout cas, plus que la Gare Lucien-L'Allier, assise entre deux stations de métro, et beaucoup plus que l'éventuel complexe intermodal, trop au sud.

On a donc le choix entre un projet central au succès imminent et un projet décentré aux bénéfices possibles, au mieux. Le choix s'impose de lui-même, d'autant que la bonification du service ferroviaire vers l'Ouest peut se faire à même le tracé «Gare centrale», puisque l'AMT pourra y faire circuler ses trains de banlieue express.

À vouloir courir trop de lièvres à la fois, on risque de n'en attraper aucun. Bref, à vouloir régler tous les problèmes de Montréal avec la navette, on risque de la remettre, encore une fois, aux calendes grecques.

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