Le maire de Paris a amorcé la semaine dernière une « révolution », en dévoilant un projet de «reconquête» des abords de la Seine, qu'il entend piétonniser. L'administration Obama, presque au même moment, annonçait qu'elle cessait de favoriser l'automobile, mettant désormais vélo, marche et voiture «sur un pied d'égalité».

Le maire de Paris a amorcé la semaine dernière une « révolution », en dévoilant un projet de «reconquête» des abords de la Seine, qu'il entend piétonniser. L'administration Obama, presque au même moment, annonçait qu'elle cessait de favoriser l'automobile, mettant désormais vélo, marche et voiture «sur un pied d'égalité».

On a souvent annoncé la fin du tout-à-l'auto, mais cette fois-ci, les intentions semblent plus fermes que jamais. En Europe, aux États-Unis, mais aussi à Montréal, où pour la première fois en 40 ans la motorisation est en baisse.

Mine de rien, l'île comptera plus de zones piétonnes que jamais cet été. En plus des habituelles foires commerciales, la Sainte-Catherine sera à nouveau fermée à la circulation, entre Berri et Papineau. Même chose pour la rue Saint-Paul, entre le marché Bonsecours et la Main.

Dans le ghetto McGill, McTavish sera piétonnisée. Tout comme la rue Clark, dans le secteur du Chinatown, selon des rumeurs persistantes. Quant à la rue Masson, entre les 3e et 9e avenues, elle le sera également, mais seulement l'an prochain.

On peut ajouter à cela les visées de Projet Montréal pour le Plateau, qui s'annoncent explosives, ainsi qu'une multitude de projets de moindre ampleur, comme le réaménagement des places Valois et Norman-Bethune, ou la disparition d'un stationnement au profit des piétons dans l'axe de la rue Charlotte, dans le Red Light.

Manifestement, les résistances s'estompent dans la population pour qu'un nombre croissant d'élus municipaux osent enfin défier les commerçants, qui en grand nombre pensent encore et toujours que la voie publique n'appartient qu'aux voitures.

Il n'est pas question de chasser cette dernière, d'ailleurs, simplement de mieux partager l'espace urbain, d'humaniser la ville, de redonner au bipède - et au cycliste - un droit à tout le moins équivalent à celui de l'automobiliste.

Il est d'ailleurs surprenant de constater que les gens d'affaires ne soient pas les premiers à réclamer qu'on fasse plus de place aux piétons. Après tout, une seule case de stationnement peut contenir huit clients debout ! Parlez-en aux commerçants du Village gai, qui ont laissé tomber leurs réserves quand ils ont vu la rue se remplir au même rythme que leurs tiroirs-caisses. Leur taux de satisfaction: 86%.

Une voie piétonne bien pensée, desservie par les transports en commun, dynamisée par un regroupement de gens d'affaires avisés, profitant d'une bonne mixité d'usages, ne peut qu'attirer plus de monde. Surtout s'il s'agit d'une rue au trafic incessant et au stationnement impossible, où bien peu de clients motorisés peuvent s'entasser aux heures de grande affluence.

Si la piétonnisation gagne du terrain un peu partout en Occident, c'est que les villes comprennent enfin les avantages qu'elles peuvent en tirer. Reste maintenant à faire tomber les préjugés des derniers résistants.

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