On ne le répétera jamais assez : le fameux guichet du ministère de la Santé n'est pas l'unique moyen de se trouver un médecin de famille. Et si ce mécanisme de traitement des demandes peut encore être amélioré, il y a aussi du travail à faire du côté de l'offre de service, en particulier à Montréal.

Conçu comme une grande porte d'entrée par laquelle peuvent passer tous les Québécois en quête d'un médecin de famille, le fameux guichet d'accès est aussi devenu un instrument de mesure. Comment Québec et les omnipraticiens performent-ils par rapport à leur cible de longue date - 85% de la population inscrite? Et comment cela se passe-t-il dans les différentes régions?

À Montréal, ça reste pire qu'ailleurs. À peine 66% de la population a réussi à s'inscrire, soit presque 20 points en dessous de la cible et 13 points en dessous de la moyenne provinciale. Pas très encourageant pour les Montréalais qui se cherchent un médecin!

Les médecins le répètent, et même le site du guichet le mentionne : les patients ont tout intérêt à chercher aussi par eux-mêmes.

C'est particulièrement vrai à Montréal où, comme le mentionnait la protectrice du citoyen dans son rapport publié la semaine dernière, les omnipraticiens ont plus tendance à demander au guichet de leur envoyer des patients ayant des besoins particuliers (gynécologie, pédiatrie, problèmes de santé spécifiques, certaines origines ethniques, etc.).

Il y a aussi le fait qu'une partie de la clientèle des médecins de famille de l'île habite sur les rives sud et nord, signale l'Association des médecins omnipraticiens de Montréal. Ça n'a rien de mal en soi, mais il est évident que ça leur laisse moins de disponibilité pour recruter des patients sur leur propre territoire.

Le plus gros problème de l'île semble plutôt que certains quartiers, dont Hochelaga, ne réussissent pas à attirer suffisamment de médecins.

Une situation sur laquelle le ministre de la Santé dit travailler depuis plusieurs années, en faisant en sorte que les postes ouverts sur l'île couvrent ces zones mal desservies de façon de plus en plus pointue.

Le système de guichet, qui s'est amélioré depuis ses débuts, aurait besoin d'autres ajustements à l'échelle de la province. Avoir des formulaires plus détaillés, et du personnel infirmier pour évaluer les patients au besoin, comme le recommande la protectrice du citoyen, permettrait aux patients d'avoir une cote plus représentative de leur condition et, donc, plus prioritaire dans plusieurs cas.

Permettre aux patients qui le désirent d'être sélectionnés par un médecin de l'extérieur de leur zone réduirait aussi le délai d'attente pour certains.

Québec travaillait déjà sur les éléments recommandés par la protectrice, a indiqué le ministre de la Santé. Là encore, ce sera à suivre.

Féminisation de la profession, recherche d'une meilleure qualité de vie, départs à la retraite de médecins qui avaient de grosses clientèles, dizaines de postes de résidents qui ne trouvent pas preneur... Les raisons pour lesquelles l'augmentation du nombre de médecins de famille ne suffit toujours pas à la demande sont multiples.

Les médecins eux-mêmes pourraient-ils en faire davantage, comme l'a encore une fois affirmé le ministre Barrette cette semaine? Difficile d'en conclure avec les seules données de la RAMQ.

Les omnipraticiens, par contre, sont bien placés pour savoir si eux ou leurs confrères pourraient prendre en charge davantage de patients en charge. Les médecins de famille, faut-il le leur rappeler, demeurent la principale porte d'entrée du système de santé. S'il y a moyen d'ouvrir cette porte un peu plus grand, c'est le moment de le faire.

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